lundi 21 avril 2008

Le sacré feu des sacrifiés...




Dix huit cent quarante huit en sonna le clairon,
Cinglait le martinet des mots de Lamartine,
et de ce Février, doux de révolution,
d’ombres années, ensuite, en guerres intestines…

La France était bancale et s’empressait la poire,
Quand Sándor Petöfi sonnait l’hymne inutile
du peuple de Hongrie. Les mots sont des mouroirs,
lorsqu’ils s’en vont en cale d’encre indélébile.

Sa couleur est le rouge, au sceau d’Adolphe Thiers,
Des préfets revanchards, des chefs dont la folie,
Tout comme aux communards, fit payer prix d’hiers.

Prend garde au chœur qui bouge, à ces chopineries,
qui là, t’entraineraient à n’user que prières,
Car, c’est au mois de Mai, que l’on meure à Paris…

http://www.deezer.com/track/154309

vendredi 18 avril 2008

Lorsque la mer t'hûme...



free music



Les navires voguaient dans de curieux estuaires,
pour s'en frapper le flanc, le sceau et la truelle,
sur ces voiles, flottant comme de vivants suaires,
tel un son s'abbatait la règle menstruelle :


En ses mâts dressés comme des doigts qu'on foudroie,
passaient les cordes d'instruments pour naviguer,
quand l'on joue en soufflant, du vent dans un hautbois,
qui, des brumes, perdait les cornes harassées.


Vaine houle ennivrante, où es-tu à present ?
Maelström addictif où se vidait mon vit,
ton étreinte pregnante est un trou lactescent...


En noir et blanc, l'esquif sombre en d'autres Hongrie,
de l'image imprégnante, oui, l'empire autrichiant
de ton corps aux sonnets de Sándor Petöfi.


Quelques points de repère :

Sándor Petöfi était un grand poète romantique hongrois, héros de la révolution magyare, mort en 1848, à 26 ans, lors de la bataille de Segesvár. C'est sa photo qui est affichée ici. Il était, entre autres, un ami de Franz Liszt, compositeur de la musique que vous écoutez. Ce dernier réchappa à la répression autrichienne, parce que grand talent reconnu, mais aussi parce que rejoignant les ordres... La Hongrie est un pays sans mer, que je ne connais pas. Pour le reste, ce ne sont pas même des souvenirs, mais quelques images qui se précipitent encore parfois, kaléidoscopiques, et pardon à ceux que la crudité de certains mots employés ici aurait choqué.

mercredi 9 avril 2008

L'an dernier à Landerneau

free music


Parlera-t-on de l'an dernier à Landerneau,
quand son pont habité coulera sous des eaux,
que l'encorbellement de mes landernéennes
ira, mêlant deniers et lanterne à Verlaine ?

La cascade miroite auprès des vieilles maisons,
et s'enfourche l'Elorn, aux arches du vieux pont,
s'il m'en reste moins moîte impression qu'en amour,
c'est que l'eau que l'on lorgne, est d'un flux sans retour.

A deux pas, la maison de la sénéchaussée,
fière, exhibe ses saints, dont je me souviens Georges,
qui, même sans niche, ont, dans le temps des marées,
pris, au "Réveil-matin", leurs cafés dans la gorge.

Parlera-t-on de l'an dernier à Landerneau,
comme de celui qui me conduit au caveau,
ou comme d'un passant des rues landernéennes,
laissant filer mes nuits pour l'aube de Verlaine ?

lundi 7 avril 2008

Faut sonner ! (le réveil des morts)



free music

Parfois, lorsque les jours ressemblent aux secondes
d'une montre affolée d'aiguilles rubicondes,
dévoreuses d'amour et de sensations rances,
je me prends à voler des instants d'espérance.

Mais le temps, assassin, que j'égorge à son tour,
file, et fol, à son train, sur ses cadrans détours,
que l'on porte à la main, aux poignets que l'on tranche,
qui de Jean Guillotin, gardent la coupe franche.

Et les mois, les années, se bousculent ensemble,
au portillon des vies, bien plus courtes qu'il semble,
et les pommes, ridées, font tomber le rideau,
comme des fruits qu'on fit, sans avoir lu au dos...

Le sourire a creusé, laissant couler la larme,
les rigoles des ans pour seul signal d'alarme,
tant viennent à peser les réveils disjoncteurs.

Jeunes gens insouciants pour qui sonne cette heure,
quand, à minuit passée, s'ensommeillent les autres,
pensez, dorénavant, à nos vers plus qu'aux vôtres !

mercredi 2 avril 2008

Landevennec




A Brigitte,
Tant j'ai trié les vieilles pierres,
tant j'ai prié loin de mon fief,
tant j'étrillais mon coeur de lierre,
à m'en ruiner sur vos reliefs,
temps, j'ai perdu dans les endroits,
qui parcourus du bout des doigts,
restent écrus et maladroits
de m'avoir cru, comme à des lois.

Des sons du fond des temps anciens
sont aux tréfonds de l'abbaye,
et les plafonds d'un ciel marin,
parfois, nous font l'oeil ébahi,
lorsqu'un rayon de soleil clair,
comme un haillon d'été lavé,
que nous n'aurions pas vu l'hiver,
vient, en crayon, tracer ses rets.

Pris au filet des ages mûrs,
se faufiler entre les restes,
en défilés, levés de murs,
les affleurer d'un simple geste,
et contempler dans l'oeuvre humaine,
nos pauvretés individuelles,
puis s'oublier dans de moins vaines
éternités, si consensuelles...

C'était un beau jour de Janvier,
c'est toujours beau, Landevennec,
comme un corbeau vient y planer,
la plume d'eau, la flotte à bec,
mais en lumière, on voit briller
les jours d'hier, et irlandaise,
son âme austère en peurs pliées,
se fait prière en pierre et glaise.

Qu'est le passé à nos échelles ?
Seul doit compter notre objectif !
Les trépassés sont à la pelle,
à ressasser leurs voeux rétifs...
Landevennec témoigne à tous,
de son ton sec et immuable,
qu'aucune Mecque, et quoiqu'on tousse,
ne se dissèque en tas de sable.

mardi 1 avril 2008

Léhon






C'est aux pieds de Dinan, du canal d'Ille et Rance,
que repose un gisant, qui, de l'histoire en France,
en Bretagne, en géant, fait encor résonnance,
comme au cor d'olifant, sa trouble existence.

Qu'en est-il de Léhon, ce village paisible,
quand, endormis, les sons des leçons impassibles
s'imposent aux canons des combats irascibles,
que menèrent de front ces fantômes fiscibles ?

De Jean de Beaumanoir que je regarde ici,
figé dans son histoire, et dans ces quelques récits,
je voudrais l'abreuvoir de ses soifs infinies,
et quelques mots pour le soir à conter comme ainsi.

Aux landes de Mie-voie, Josselin, Ploërmel,
est la romaine voie où fut l'affront cruel,
dont n'est pas demi-voix qui ne chantât l'appel
de ces soudards anglois périssant à la pelle.

Ce fut trente au combat, et pour chaque partie,
De Penthièvre et de Blois, de Monfort l'Amaury,
des bretons aux anglois, nul ne fit la prairie,
champ d'horreur à l'endroit qui leur fut apparti.

Bois ton sang, Beaumanoir, te passera la soif !
C'est ainsi, qu'en le soir, Geoffroy du Bois s'esclaffe !
Et que les corps, billards, où ricochent les baffes
les heurts, les morts, l'amarre à la vie, se falstaffent !

Bois ton sang, Beaumanoir ! Bien sûr, tu fus vainqueur...
Mais en vain, triste soir... Blois plia sa rancoeur.
Bois ton sang Beaumanoir ! Puisque tu as deux coeurs !
L'un est blanc, l'autre noir, l'hermine au cri moqueur.

L'église est templière, et sous ses croix pattées,
je te contemple hier, dans ta grandeur passée,
tes deux mains en prière, en un autodafé,
s'il faut aller en bière, au moins, faut-il prier !

Bois ton sang, Beaumanoir ! Tu es encor capable
de nous refaire croire aux combats désirables !
Bois ton sang, Beaumanoir ! Sur ta statue de sable,
je pose l'ostensoir de larmes misérables.

Mais je suis en Léhon, le canal coule encore...
Et sur ma partition, sieur Beaumanoir est mort.
J'aime Jehan, Léhon, et mes quelques remords,
si près de l'eau, l'est-on, à ces derniers raccords ?