mardi 20 mai 2008

Orphelins

Nous naissons pour finir tous, un jour, orphelins,
d'une mère ou d'un père, ayant lâché la main,
ou bien même des deux, c'est dans l'ordre des choses,
puisque la vie ne dure un rien plus que les roses.




Mais certains que le sort, en coquin, vient frapper,
voient le doigt de la mort, avant l'heure arriver
sur le front de celui qu'on croyait protecteur,
ou de celle où nos nuits s'emberçaient dans nos pleurs.




Oh ! Bien sûr, pour partir, il est toujours trop tôt !
Mais avouez, sans mentir, être enfant ou ado,
ou même jeune adulte, au monde on ne sait rien,
on part vite en culbute hors l'amour qui nous tient.




C'est le début de deux des romans de Dickens,
des sombres odyssées d'un penny ou deux pence,
perdu comme on l'est là, dans les forêts obscures,
chaperons rouges de honte et dont nul n'a cure...




Ils en font des erreurs sur leur pauvre chemin,
oubliant leur douleur pour y penser demain,
mais jamais n'est pansée cette plaie suppurante
qu'ils cherchent à cacher à la vie soupirante.




Bâtissant des châteaux en pays de Cocagne,
puisque nul n'indiquait que suffisait l'Espagne,
ils s'exposent aux vents des soufflets qui écartent
les remparts vacillant de leurs châteaux de cartes.




Alors, si tout retombe, et que diable l'emporte,
oh, jusque dans la tombe où sont ceux qui importent,
on retiendra leçon d'un échec évitable,
car tout choît dans le son de deux poings sur la table !



Ce sont des gens que la fragilité rend durs,
il faut savoir qu'eux seuls savent ce qu'ils endurent ;
ce sont des gens perdus, mais trop fiers pour crier
"au secours, que l'on m'aide ou je vais me noyer !"




Et leur carte du tendre est pétrie de montagnes,
d'infranchissables cols et d'innombrables bagnes,
c'est pour ça qu'on découvre souvent un matin,
une orpheline au bras de son bel orphelin.


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