mercredi 17 décembre 2008

Victime d'intéressite aigüe ?

Je me fais rare, depuis quelques temps, en Cybérie. Je préparais consciencieusement la mise en place d'un site présentant mon travail en vers, en vue de la recherche d'une maison d'édition. Je suis assez content du résultat, et vous invite cordialement à la visite. N'hésitez pas à en parler autour de vous (si toutefois cela vous a plu), et laissez-vous aller à ces petits voyages qui résument l'ensemble de recueils que j'aimerais voir paraître :
 

lundi 8 décembre 2008

Ecrire



A Maître François Villon,
 
 
Si écrire est le seul artéfact qui m’arrête,
Que ma cour d’un miracle, est au creux d’internet,
J’ai de François Villon, le dit vilain poète,
Ses envies d’être auteur, à défaut d’interprète.
 
Ces vers qui rongent tant la main que je vous tends,
Je veux m’y appliquer, ces pommades d’antan
Sont faites pour soigner, poser en même temps,
Un peu de ma musique au fond du cœur des gens.
 
Si quelqu’un peut s’offrir aux autres par ses mots,
Vivre et s’ouvrir plus riche de leur vibrato,
Et de peu se nourrir, d’un rire ou d’un sanglot,
Il ne peut bouder lyre à tous leurs trémolos.
 
De tous ces violoneux jouant leur partition,
Formant la mélodie d’un monde à l’unisson,
Il faut savoir mener la subtile audition
De qui entend serein, de chacun la chanson.
 
Ainsi qu’un grand orchestre, orné de chœurs avides,
De faibles joies, de peurs, qui dépeuplent le vide,
Dresser des matins blêmes et des nuits sordides,
L’écho du court moment de nos vies insipides.
 
Le vrai Paris,
des parisiens,
estudiantins,
quartier latin,
des bars à vin,
de l’hypo-crasse,
bien dégueulasse,
et des poufiasses
si loin d’Hassas,
lui qui survit,
à nos débâcles amoureuses,
à nos suicidaires quêteuses,
à la brisure de nos boules de cristal,
nos bijoux de famille en vrac, où l’étal est létal.
Ah !
Les marchés parisiens…
Les manifs étudiantes…
Les vingt ans et quarante…
Les passés dionysiens…
Ah !
Ecrire à n’avoir plus qui forge les repères,
Perdu, comme un bateau navigue sans amers,
Sentir l’accélération, malgré la misère !
Pour des larcins, pour un outrage ou pour des vers,
L’adrénaline qui fustige dans les tempes,
Là, au milieu du crâne, entre Senlis, Etampes !
Paris !
Pas Pris !
Pas vu !
Pas mu
par autre chose que la nuit,
par autre larme que la pluie.
Et se détruire en souriant,
comme un damné,
trompe-la-mort,
pendant que l’en-dessous, priant,
vous a aimé
pour un grand tort…
Mauvais garçon ! Mauvais garçon ! Mauvais garçon !
Ecrire un vers n’est pas un jeu de charançon,
Pas un plaisir facile où la masturbation
S’invente en quelques mots ou manipulations…
Là,
Il n’y a pas de foi,
Il n’y a pas de loi,
Il n’y a pas d’endroit
Où l’on se sente soi.
Là,
Il n’y a qu’une geôle
Où, des bandits, des drôles,
Rassemblent dans sa peine,
La plume par les pênes.
 
Aussi, est-ce pour tous que le forçat écrit,
Pour la sœur esseulée (son ventre tressaillit),
Pour le frère espéré, ses doigts, avec envie,
Effleurent cet espace aux mots si plein de vie.
 
Ainsi, est-ce pour tous que s’élèvent ces cris,
Ces jets d’encre en fuyant, par le poulpe éconduit,
Que la vie passagère aura toujours conduit
A rendre par l’image, un écran aux envies.
 
Mais dans le brouhaha du bruit de ces passions,
Il contribue au chant de ces populations,
Qui prouve que le cœur du monde a ses raisons,
De feindre d’ignorer, parfois, la déraison.
 
Si je calque à ces mots, Villon, ma maladie,
Qui de n’être pour vous qu’une ombre de celui,
Dont la rime légère et le vers impoli,
Ne sont que les reflets où le grain de faux luit,
 
Il me reste si peu de temps pour les bien dire,
Une seule existence, oh, ne saurait suffire,
Alors, ce texte obscur, s’il parfois s’en inspire,
Ne saurait tant les peindre, et en vain les décrire.
 
Pourtant, folies d’amour, souvent folies furieuses,
Qui font foudres d’un jour et liaisons dangereuses,
Puiseront de ces sangs, de la source ombrageuse
Coulant au carrefour de nos intraveineuses.
 
Or, de ces chemins creux qui se seront croisés,
Des brins d’éternité un instant partagés,
Je voudrais rendre ici, l’accident entaché
De notre prosodie qui leur reste attachée.


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