dimanche 30 août 2009

Out of the trancyberian



Voilà ! J'écrivis, il y a longtemps, un texte en hommage à tous ces cybériens que la mer et sa marée emportèrent. Les aprentis écrivains ne survivent probablement pas à la Lune et ses rythmes, comme les progénitures envisagées... J'ai souhaité en faire un vrai poème, oubliant sa motivation première. J'en ai donc extrait une sorte de voyage onirique, très long, que je vous livre à présent, en souhaitant qu'il vous fasse voyager, vous aussi !
J'ai découvert, dernièrement, la verdeur des collines du pays basque. Je ne m'imaginais pas qu'il existât un pays aussi vert que celui de mon bout du monde, d'une verdure que je connus aussi en mon Irlande pré-natale... J'ai vécu un rêve merveilleux en découvrant cela !
Je sais parfaitement à qui en être redevable. Et que nulle ne dise jamais plus de moi que je suis un voyageur immobile ! Surtout quand on traverse la France en voiture !
Bref...
Je vous livre ici ce long texte dont je fus le tortionnaire ! Fasse qu'il vous plaise et vous fasse voyager à votre tour !




Pour quelques mots gratuits, comme du blé, soufflés,
Pour quelques brindilles qui m'auront essoufflé,

J'ai commencé la route, éternelle aventure,
Aux troquets tapageurs et au café des mots.
Faire si simple et sûr, surdité, c'est si dur,
Mais à la fin du fin, si t'y es c'est si beau !

De la vie d'une fée, des volutes d'un ange,
Je m'empoulpais de ces salles à visiter,
En me badigeonnant de curieuses contrées
Qui dans l'alcool et l'eau font un fiévreux mélange.

Si je fus le pantin du monde d'Améor,
Balbutinant bribes de sa curieuse langue,
Je fis ventre de l'antre à la bête qui dort
Et se réveille aussi à toutes mes harangues !

Je crevai la bulle de la fée Mélusine,
signant ce bel éclat d'un calligramme insigne !

Et voyageai hautain dans le cœur des chimères,
Pour me foncer au teint, de forcer la grand mer...

J'y vis Mona des bois au pays de l'amour,
De son humour sucré comme une gourmandise,
Tandis que de mots à maux (qui s'enflent toujours),
J'appris que vitesse et simplicité nous grisent.

De mes rails, j'ai revu la cité d'Atlantis,
Ressurgir un instant puis glisser aux abysses,
Et Tipoule insufflait (cher Thierry) sur Nous tous,
D'un Gulf Stream, les vers chauds, les caresses si douces.

De l'Ambre aussi, j'otai les échos hottentots,
Pareils à ces roses des déserts orientaux,
Effeuillées par les vents et par leurs doigts envieux,
Qui sculptent l'ailleurs, et l'ailleurs c'est toujours mieux !

L'air d'ailleurs, d'ailleurs !

Et ses jolies rumeurs :

La p'tite journaliste de Paris, pressée,
Prenait le temps dépressif de faire rêver...
De l'Amélie Poulain dans sa façon d' penser,
Du Renaud sur ses chants, dans sa façon d' fumer...

Ma tête (mise) dans les étoiles, mes larmes
Ont bu la poésie du regard et du charme,
Ont vu le carme igné de votre poémie,
Ces chants qui vous allaient si bien, ma chère amie...

Mais s'il est un endroit pour rêver, je dessine
Sur des feuilles d'acanthe, en beaux reflets de nuit,
De ces traits ciselés comme à l'encre de Chine,
Et qu'éclaire de noir, ce qu'elle y écrivit !

S'il n'est jamais vraiment voyageurs immobiles,
Que nous restent des textes qui nous font bouger,
En perçant leurs noirceurs de tons indélébiles,
Chez d'autres pèlerins suis enfin arrivé :
Oh ! Etaient-ce des vers ou des mots en dévers ?
Etaient-ce des feux lents au rivage ou des proses ?
Si ces naufrageurs nous mettent tête à l'envers,
Gardons du rail, la coque, et ce à l'overdose !

Puis je revins un jour, à Pontaniou, au bagne...
Là, un jeune bagnard, ma foi, désabusé,
Du genre de celui qui, sûr, se fout de tout,
Me rappela comment il nous faut alpaguer !

Glisser, s'introduire entre douceur et douleur,
Comme de Ducasse, un être surnaturel,
Hermaphrodite et mu par le rite des fleurs,
Par la messe ou la fesse au baiser naturel...

Et, évanescent, regarder le chat dormir,
Ou, d'un réveil, transpercer ses mondes secrets,
Car si, dans chaque vers, un Baudelaire expire,
Dans chaque ver de terre, un Baudelaire nait !

On forge mille colombes en ce pays !
Là rosit la timide et belle poésie...
Et les roses en boutons comme des bonbons,
Font de nos dieux odieux des femmes pour de bon !

Diane ! Oh sois ma guetteuse et reste face à moi !
Car de notre océan existe l'au-delà !
Que chante ce passeur de sons, passeur de mots,
Mon frère de chansons, mon pourvoyeur jumeau.

Et dans cet effet mer,

Si beau, si musical,

Je me laissais amer

Couler vers l'idéal,

Mes crayons de soleil,

Aux hurlements légers,

Laisseraient à ma veille

Vous parler de JC :

Les vieux messieurs sont riches de leurs existences.
On les croise, on les aime, on voudrait être aimé.
Mais on se prend toujours des vagues et des stances,
qui si on était femmes nous feraient pâmer...
Ne soyons plus sérieux, soyons primesautiers !
Que des calembours de Monsieur Mian, vous sautiez !

Et Passe la pouliche fantôme et sauvage !
Qui provoque le rêve et donne sans partage.
Si l'on sait que la poésie a son jeune âge,
Que la forme d'un poème a son doux visage,
On n'est pas séri-eux quand on a dix-sept ans !
Et que de love-songs en sont encor le chant...

Alors courage à tous !

Nos hérésies nous poussent !

Comme à ce postérieur dont la postérité
A douze coups de pieds à sonner sans tarder !
Et quand j'aurais connu ma mise en boite à moi,
A l'ombre en fleur des éternelles Cécilia,
Je sais que de là-haut, avec quelque poète,
On refera le monde en bouillants interprètes...

Alors, dans ces ballades, je vis au jour le jour,
Goûtant la musique et l'amour, le désamour,
Fuyant les chevaliers courtois des temps modernes
Qui ne savent jamais qu'un cœur, parfois, hiberne !
Fuyant le gestionnaire et son expert-comptable,
Qui comptent pour écrire un vers de poésie,
Goûtant les désirs feints, les plaisirs de la table
De multiplication des pains, et qui m'envient !

Peut-être, reviendra-t-elle, cette inconnue,
Qui, mutine, cachant dans ses bouquets de proses
Toutes les étendues de ses feuilles de lignes,
Finissait incomprise, insoumise, et lépreuse ?...

Toute Wonder Woman s'est mise à la retraite
des déchets d'écriture usés en plusieurs traites...

Pourtant, cher Galaad, nous voyageons encore,
Evitant la redite et parfois tous ces corps,
Nous composons des plis de nuits écervelées
Dans les replis perdus au fond des cervelets.
Nous croisons à tout large, une étroitesse écrue,
Mais aussi,en marge et comme un bouilli de cru,
Le joli blanc de Jean dit Naej en liberté,
et la fée canicule où fond neige en été...
Des Papillons de pluie, quelque pape de nuit,
De Nuîts-Saint-gorge, en fait, ou d'Avignon, d'ennui,
De vins bons, de vins cuits, devins de vins mauvais
Nous rendant parfois Christs, nous rendant parfois gais.

C'est l'enfonce de l'art, voyage hypothétique :
Le grand coup de couteau, vertu cyclothymique !
Les seize centimètres traversant le cœur,
Des chairs et des hymens, présidents qu'on raconte,
Et des vies de famille qui nous font si peur,
Et de l'enfance et de nos souvenirs qui comptent,
Faut-il toujours vraiment croire en sa bonne étoile ?
Poétiquement votre, oh, j'y ai renoncé :
Des fleurs, le parfum qui jamais ne se dévoile,
N'est que la corolle où les mots sont agencés.

Les mots bleuis de leurs avaries sont les vrais,
Ils puent d'un air sucré comme une eau de jouvence,
Mais ils se cultivent dans nos jardins secrets,
Et fleurissent de pisse ou de quelque autre essence.

Et les phrases leurs sont comme d'acides vagues,
Et eux, les affreux mots, comme des gouttes d'eau,
Se mélangent et se marient comme deux bagues
Ne formant plus en poèmes qu'un seul anneau,
Qu’un seul anneau de pouvoir et d'effroi, qu’enchaînent
Les fers de l'animal et les forges de l’Homme,
Dans des infinitudes pleines que déchaînent
Les violences d’âme de nos jolis pogroms !

Oui ! Soyons fous des mots !

Mourka ! Pas mous ni faux !

Epiphanons les êtres morts pour qui l'on prie !

Trouverai-je ma terrassière de l’esprit ?…

J'ai livré a ce feu, dans un grand exorcisme,
L'excès de mes espoirs, les fruits de ma gaîté,
Mes poésies pétries de maux, de pessimisme,
Ma vie entière où je ne suis qu'à dégoûter...

Parfois, pourtant, lorsque de jolis mots respirent,
Dans la langue de Villon, de Monsieur Corneille,
Comme dans celle de Poe, celle de Shakespeare,
J'écoute le vent de ces génies qui sommeillent…

Je vois des fleurs dans des nuages d'outre-manche,
Des tâches de vin beaucoup trop tôt accueillies,
Des chemises aux dérobés en avalanches,
De Londres, de l'ombre et tant de gouttes de pluie...

J'ai voyagé quelque part sur une montagne,
Pour un amour défunt, un effort qui nous gagne,
Toilé de liberté et de gréements troués
Dont nulle ne sut les déchirements trouver.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est des prisons que l'on voudrait quitter, avec une cicatrice sur le palpitant, malgrès tout on reste sur terre et demain est un mot inventé.

Le bagnard

Anonyme a dit…

Tout est dit ici mon ami, que ce voyage fut riche et émouvant... Tout est inscrit là, dans mon coeur et dans ma mémoire, à l'encre de nos âmes...
Tendrement.
Mourka !