dimanche 13 septembre 2009

Taille et modelage





A Toi,




Si le verbe est de la matière,
matière à rire ou à pleurer,
s'il se torture et s'il s'opère
sur une table à raturer,
où l'on prend son pouls dû aux lentes
inspirations que l'on ausculte,
alors, dans sa langue violente,
on peut affirmer qu'on le sculpte.


Si la sculpture est poésie,
il y a réciprocité,
et ce n'est pas une hérésie,
du verbe à récit précité,
que de le comparer ainsi
à l'art de l'angle original,
qui par le galbe conduisit
du sublime au subliminal.


Maïakovski s'imaginait
en ouvrier fraiseur de mots,
et moi-même, à ce qu'il paraît,
d'un "ciseleur" je suis jumeau ;
tout ça ramène incessamment
à la taille et au modelage
dont on s'essaie à ces segments,
en faisant fi des maux de l'age.


Connaissez-vous de Michel-Ange
les vers sertis à ses sonnets ?
N'était-ce qu'un autre challenge,
par sa sculpture assaisonné ?
Lui le premier avait compris
la pâte molle des phonèmes,
ou le rocher qu'on dégrossit
quand nous tient l'idée d'un poème.


Car bien présents au négatif
de l'un de l'autre, en leur approche,
ces deux chemins aux legs hâtifs
lorsque sur eux rien ne s'accroche,
sont tant du vide qu'on remplit
que du trop-plein que l'on dévide
sans que jamais le moindre pli
ne vienne heurter vos sens avides.


Parfois, les vers que l'on modèle
se font d'ajouts vers l'infini,
de sons volant à tire-d'aile
pour se poser indéfinis ;
parfois, les blocs dont on fait taille
se font d'ajours vers le zéro,
peaufinant d'idées les détails
crépitant dans un brasero.


Dans cette quête nomomane,
les deux voies sont à parcourir,
mais de l'écrit toxicomanes,
on ne fait rien à part courir...
Alors, autant se souvenir
(sur le crayon mettre une entaille),
de ce que l'art peut réunir,
du modelage et de la taille.




Sur la fin de sa vie, Michel-Ange se fait aussi poète et est reconnu comme l'un des plus grands poètes italiens après Pétrarque et Dante. Il a écrit une cinquantaine de poèmes, sonnets et madrigaux, datables de 1535 à 1541, d'inspiration souvent humaniste. Plusieurs de ces sonnets ont été mis en musique, notamment par Benjamin Britten et Dmitri Chostakovitch. Ces poèmes, inédits de son vivant, seront publiés par son neveu, Michelangelo le Jeune, en 1623.
Selon John Addington Symonds, un poète et critique littéraire anglais, Michelangelo le Jeune aurait travesti, pour des raisons de convenance, certains pronoms afin de masquer l'amour que Michel-Ange portait et exprimait dans ses sonnets envers Tommaso de' Cavalieri (vers 1509–1587), de 24 ans son cadet. « Malheureusement, avant la belle édition de M. César Guasti, publiée en 1863, les traducteurs français n'ont jamais eu sous les yeux qu'un texte défiguré par les ornements que s'est permis d'y ajouter, par les suppressions que s'est permis d'y faire le neveu de Michel-Ange. » écrit Alfred Mézières, dans un article de 18734.
C'est à la poètesse Vittoria Colonna qu'est longtemps revenu l'honneur d'être la destinatrice de la flamme amoureuse de Michel-Ange. Et Mézières ne fait pas exception qui s'étonne du langage amoureux adressé à un garçon et préfère y voir l'admiration déguisée pour une femme de lettres : « L'obscur Thomas Cavalieri n'est vraisemblablement qu'un prête-nom. On se demande alors quelle est la personne à qui Michel-Ange se croyait obligé de ne transmettre l'expression de sa pensée que par intermédiaire. Aucun nom d'homme ne se présente à l'esprit; d'ailleurs, s'il s'agissait d'un homme, à quoi bon tant de mystère? On n'est guère tenu à de telles précautions que dans une correspondance avec une femme. Une fois sur cette piste l'imagination fait du chemin. La date de la première lettre adressée à Thomas Cavalieri (1er janvier 1533) correspond précisément à l'époque où ont pu commencer les premières relations de Michel-Ange et de Vittoria Colonna. »
Source : Wikipédia

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