samedi 24 octobre 2009

Le guetteur



J'ai fait foin des douceurs, j'ai entendu des chants :
fais amie la clameur du chaos déchéant,
parcouru dans la nuit, l'onde des cris d'enfants,
ai vécu sous des pluies qu'à tout autre on défend.

Pauvre de nous, vaincus, nous errons en puisant
les furoncles au cul dont on est impuissant,
ne pouvant qu'une chose horrible : on attend !
N'ânonnant que la glose où n'est qu'impénitent...

Tant me fallut racler les quais de l'ouest extrême,
pour enfin me prouver, ô mort, que je m'aime,
que je dressai détresse à l'horizon suprême
des versets que j'engraisse au mépris de moi-même.

J'étais comme un forçat qui, tirant sur ses chaînes,
des déserts s'exerça les parcours de leurs plaines,
et du sable écœurant, lorsque la coupe est pleine,
n'eut justice qu'on rend que des glands de son chêne !

Insensible, je vois défiler dans le ciel,
des étoiles les voies qui muettes déferlent,
et de mon Finistère, la raclure de sel
dont ta joue s'encolère en y fixant des perles.

C'est que moi j'y entends le chant universel !
D'outre-chute le chant et les rimes cruelles,
sirènes lamentées qui s'écorchent entre elles
et poissons aimantés violés à tire-d'aile.

Dans les cacophonies, je patiente à présent.
Que le vrai du faux nie ses orgasmes pesants,
peu m'importe : ils sont là pour enterrer le temps !
La tombe au Mandala qui m'est dédié : j'attends...

Et comme la sœur Anne, assise en sa tour d'argent,
Lassé des combats d'âne où je sortais perdant,
Je guette aux alentours, comme tombent les dents,
couronnes sans atours et propres détergents.

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