mardi 30 mars 2010

Trop naître haut, glisser haine...





Lorsque l'on n'y voit goutte, ô tri-nitro-toluène,
que plus rien ne ragoûte en ces lieux faisandés,
tu nettoies la charogne où s'entrediluent haines,
comme un ongle qu'on rogne avant de le cracher.

Je n'ai bombe qu'en vers, mais absente du lit
de l'acide rivière aux fragrances de soufre,
qui me sert de destin mais sent les œufs pourris,
les mauvais intestins, les cancers dont l'on souffre...

De bâton dynamique, il me reste un stylo :
je l'instille en mimique émasculant – qu'habile
sourire eut imité – les tiédeurs de tes maux.

Et je ne vois, mité, que le manteau débile
que j'ai percé d'insécurités sociales :
mon vitriol pensé sur un tissu spécial !

dimanche 28 mars 2010

Anthracite





C'est un soir au coucher sans soleil, anthracite,
d'une journée douchée par un ciel au séant
flatulent et flatteur de tant d'appendicites,
qu'on se sait délateur, continent océan !

C'est la beauté du monde où se secoue le bout,
comme une verge immonde ou d'odieux goutte-à-goutte,
font pleuvoir des baisers sur des plèvres debout
et des poumons blessés d'où tes lèvres me goûtent.

Ce sont mes mots de pluie sur ton astre hermétique,
que tant d'émaux depuis ont serti de nécroses,
qu'il n'en reste à mes vers que ces fruits pathétiques.

Qu'il n'en reste à mes nerfs que cette silicose,
que cet accord mineur dont repaissent mes tiques,
et les enlumineurs qui s'en firent la cause.

mercredi 24 mars 2010

D'âme et de saint





À Didier et Caro,


Ce qu'est d'âme et de saint dans son cœur qui balance,
et dans ses bras d'airain qui relèvent les corps,
c'est l'écoute toujours des SOS qu'on lance,
et sa réponse à jour qui repousse la mort.

Or, d'écrire avec soin ceux qui sont à soigner,
fit rarement du foin dans les auges verbeuses,
comme si nul Goncourt ne foulait son poignet
d'un splendide concours aux salles tubéreuses...

Mon frère et mon ami manœuvre à son meilleur,
pour que du pain la mie nous efface les croutes,
la mauvaise peinture à nos cernes, d'ailleurs,
et le chemin qui dure où se poursuit nos routes.

Mon frère et mon ami manœuvre à son prochain,
sans jamais à demi se lasser d'échos sûrs,
car dans son beau métier qui est d'âme et de saint,
il faut croire en entier sans la moindre césure !

lundi 22 mars 2010

Pour ires





Pourquoi commencer s'il faut finir,
engager sans jamais prémunir,
et qu'un jour – comme on sait – désunir ?
Pourquoi tout ne naît que pour mourir,
rabaissant la courbe des sourires
aux commissures de dernière ire ?
Pourquoi jouir si ça mène à souffrir,
ôter ce qu'on rêvait de s'offrir,
que le constat mène à tout sauf rire ?
Pour dominer ce qui peut me mentir,
Pour survivre et non m'anéantir,
Pour vivre les beautés qui m'en tirent.

Et Dante





Je relisais de Dante un court extrait d'opium...
Ces mors où l'on s'édente à cravacher sans faim
des regards oublieux comme des géraniums
suspendus au pli eux, des cernes du matin.

Je visitais des temps et des « tant pis » aussi,
et des tapis volants estampillés « pur' poire »,
qui me firent voter dans l'urne des sosies,
pour un bleu convolé de noces sans espoir...

La muse où s'endormir nous promet-elle enfer ?
Paradis purgatoire en douches de matrice ?
Ou flegme ostentatoire en lisant tous nos vers ?

Les mots sont un bouquet à toute belle actrice,
– et des cœurs à vomir leur trace des revers –,
sans que nulle pensée laide hante Béatrice.

samedi 20 mars 2010

Piano-claque





Ça se passait au bar ne nos imaginaires,
et mon canot Bombard s'était tout dégonflé...
Ce n'est qu'une habitude à taper sur mes nerfs
et ma timiditude en porte aux gonds enflés.

Ceci n'est qu'un message inepte, un clin d'œil,
la phrase de massage intercostal à celle
qui portera, dur-dur, d'un célibat le deuil,
comme de Balladur, un Chirac à l'aisselle...

Les portées déportées d'un piano lénifiant,
les sons désaccordés qui font le piano-claque,
sur ce beau cul beaucoup trop me sont édifiants !
Quelle paire du coup ? De fesse ou bien de claque ?

Ah, la légèreté ! Le doux baiser perdu déjà,
qu'épingle en sureté qui glisse en notre couche,
et l'épineux débat duquel on surnagea :
ce goût de grain de bas qu'on garde en notre bouche.

jeudi 18 mars 2010

Route




À une certaine Lola,


En méandres tu suis ta douce et propre route,
tout un chacun s'essuie des affres et des doutes,
des baffes et des « bof » – victoires et déroutes –,
et des amours de beaufs catalogués Redoute...

Mais l'important pour toi, dans tes bohèmes sages,
c'est de trouver un toit et quelques cartilages,
un début d'ossature où rien n'est repassage,
et l'ample tessiture au chant de ton voyage.

J'ai comme toi de l'ombre au creux de mes soleils,
et la détresse où sombre un orgueil en nos soutes,
mais jamais ne sera rien à l'aube pareil

que ce pas que fera toujours coûte que coûte,
dans le noir de la suie, ton accord sans sommeil,
en méandres tu suis ta douce et propre route.

mardi 16 mars 2010

L'indicatif des temps





Vivre au présent n'est pas d'un vent l'arrêt aux pages,
c'est avoir su surtout l'affrontement d'hier,
et de se confronter à ces aréopages
dont on peut émerger des lâches frontières.

Et si notre avenir n'est pas bien destiné,
que trop de coups reçus sur notre postérieur
nous font cesser l'autruche, il faut être obstiné
et ne jamais songer au futur antérieur.

Sinon bien allongés et la tête à l'envers,
sur tant de canapés, on est à dépecer,
à moudre la parole en de moulins trouvères,

à quarante balais passés, blessés, blasés,
chercher les grains, poussière où ils se retrouvèrent,
ce qui fut simple dans un passé composé.

samedi 13 mars 2010

Chanson martiale


J'ai toujours aimé l'expression :
« mais à quoi nos vies riment-elles ? »
com' s'il fallait demie pression
pour fabriquer de la dentelle...

Com' s'il fallait des dépressions
pour prouver qu'elle est l'amante, elle !
et l'infini des digressions
que l'écriture démantèle...

J'ai toujours aimé les poncifs
qui finissent en tas de pierres,
les films de Frédéric Rossif
et le sursaut de tes paupières.

Tout cinéma m'est muet, mais moi
mes mues matinent mes deux mots,
sachant tout signe à mon émoi
desserti comme autant d'émaux.

S'ils ont faim de ma poésie,
qui leur manque tant et toujours,
qu'ils geignent à corps et à cris
des pauvres vies de tous les jours.
Et si la vie ne rime à rien,
et si l'amour n'est pas l'Amour,
et qu'il n'est pas de bon aryen,
que de nos sens reste l'humour...

J'ai toujours aimé ce qu'apprend
la note déconfite d'oie,
et les pas perdus qu'on prend
pour rembourser ce que l'on doit.

Dans toute cette graisse grasse
des sentiments bercés d'ennui,
je t'ai su céder à la grâce
de tant d'étoiles dans la nuit.

Je t'ai su céder à l'angoisse
d'où les passions s'étaient enfuies,
sans que jamais rien ne me froisse,
ici tout ressemble à la pluie...

Ici souvent l'on se méprend,
les glaces s'essuient sans patin,
et tous ceux-là dont on s'éprend,
nous rejouent des ciao, pantins.

S'ils ont faim de ma poésie,
qui leur manque tant et toujours,
qu'ils geignent à corps et à cris
des pauvres vies de tous les jours.
Et si la vie ne rime à rien,
et si l'amour n'est pas l'Amour,
et qu'il n'est pas de bon aryen,
que de nos sens reste l'humour...

lundi 8 mars 2010

Melody





Gémit sur l'écran bleu du ciel de mes nuits rouges,
le blanc de tes yeux cocardés de plaisir,
et si la république abonne à « Que choisir ? »
je suis ta raie pudique au gré d'un corps qui bouge.

La tâche originelle est démultipliée
autour de ta prunelle en kaléidoscope,
averse de rousseur en grêles de syncope,
dont mes mots désosseurs sont tracteurs dépliés.

Oh, Melody ! dit : tes couloirs ne sont pas
ceux que Mylady Di, dont notre voix gamberge,
prit pour argent content dans une voie sur berge !

Car des passions qu'on tend à chacun des repas
où l'intestin rendu n'accorde aucun repos,
je ne nous sais tendus que par nos propres peaux.

dimanche 7 mars 2010

Anagramme





À Delphine, amie du bout du monde,


J'ajoute un « r » au verbe « aimer »,
un « e » coulant, un peu de « n »,
et je me fais « réanimer »
lorsque le verbe englue la haine...

Passent les heurts et les semaines,
et les semences avariées,
la DLC qu'un prix ramène
aux proportions des dents cariées,
rien jamais jamais ne t'amène
à négliger le choix varié
des amours dont aucun « amen »
ne put remplacer « souriez ! »

J'ajoute un « r » au verbe « aimer »,
un « e » coulant, un peu de « n »,
et je me fais « réanimer »
malgré les tristesse et géhenne...

Bien sûr sa main qui m'était mienne
me brûle encor d'un fer forgé,
et mes couleurs sont air de Sienne
dont il me fallut dégorger ;
mais toute trace m'est ancienne
et tout passé nous est danger,
un génocide où l'arménienne
n'est pas un enfant étranger.

J'ajoute un « r » au verbe « aimer »,
un « e » coulant, un peu de « n »,
et je me fais « réanimer » :
point n'est plaisir en nulle gène !

samedi 6 mars 2010

Sonné moi ?





Même n'ayant su si j'étais – moi – sonné
par tant de ces soucis dont je fus cloche hardie,
je me suis ému et mu de mes sonnets
qui sont ma peau de mue sous tant de faux habits.

Et j'ai catapulté des œuvres lapidaires
au firmament blessé d'iniques âmes-sœurs,
dont je fus un unique et fou récipiendaire,
car quoique l'on ne nique est aéroblesseur !

Qu'importe prosodie perdue dans les buissons ?
tout ce qu'on ose dit bien plus que ses semences,
tout ce qu'on prouve emporte au foin de nos moissons.

Du vrai des faux, la porte en ses ciseaux immenses,
récolte un couperet qui claque aux mois sonnés,
cous peureux qui pourraient être aussi moissonnés...

mercredi 3 mars 2010

Abattage

Les fléaux battent bas les vigueurs de mon corps
comme un bœuf bâte au bât du sillon qu'il ignore,
et que genou plié sur nos champs d'inculture,
on vienne supplier de briser nos mâtures !

Laissez-nous supporter les coups de Trafalgar !
Laissez-nous abaisser la croupe et le regard...
Rien ne peut résister à l'ardeur d'une étoile,
ni ne peut remplacer un soleil sous un voile.

Brisez ! Brisez le globe orbiculaire et mou
qui dessine le lobe à nos paupières floues !
La fatigue est un mal que fustige nos nerfs.

Et que de l'animal dont on est congénère,
Puissiez-vous en extraire une tranche de nous
qu'à tant force de traire on ne laisse qu'aux fous.

mardi 2 mars 2010

Les emplumés





J'ai mal à l'apprise femelle
peuplant les romans de Flaubert,
et son mirage qui m'emmêle
dans l'en-dedans de ses flots verts.

Que de filets et de rétiaires
pour ces vindictes gladiatrices !
Quand tout nous colorait hier,
on se blanchit pour une actrice...

Ah ? suis-je dur ou pleurnichard ?
pour la mémoire d'un nichon ?
Non ! je ne sais ni vieux ni chiard
– ni nous qui dans un cœur nichons.

Je ne sais que cette chanson
qu'on reformule à l'infini,
depuis que l'ancien échanson
noyait de vin l'amour fini,

depuis Rutebeuf et Villon
qui curetaient le fond de l'âme
comme de bons écouvillons,
par le vers tranchant de la lame.

Puisque la poésie n'est pas
le chant d'un amour éperdu,
mais un ballet de petits pas
qui poussière ont souvent mordu,

retenez les orages secs,
les coups de trique au désespoir
et les platitudes du sexe,
lorsque la tripe est au pressoir,

et qu'il en sort un jus poisseux
comme un goudron dont on s'emplume,
afin que les lecteurs soient ceux
qui se délectent de nos plumes.