dimanche 23 mai 2010

Sa face cachée m'atterre





Si j'alunis jaloux de nos jalons jolis,
sur la planète amère où soufflent mots polis,
si jamais je la loue des vers posés ici,
c'est pour prier la mer d'être tranquille aussi...

C'est pour prier l'envers des sources du décor
d'être enfin à l'endroit des courses de nos corps,
et reprendre à l'enfer la part du paradis
que des docteurs en droit nous ont volé pardi !

Vorce !
Dis Vorce !
Force !
Force fait foi,
loi fait droit,
foi fait loi,
loi fait force de loi,
Toi fait force de moi,
conjugaisons imparfaites et subjectives,
Le verbe aimer ne se conjugue qu'à un seul temps
une seule personne
qu'on invective
qu'on attend
consonnes...
Voyelles...
Les couleurs de Rimbaud sont des arc-en-ciel de stylos coulants d'encres baveuses comme les baisers à quatre couleurs des pupitres d'écoliers.
J'ai retenu le U
Vert
Comme tes yeux
Le vert était la couleur interdite à nos marges collégiennes :
ni le rouge correcteur
ni le bleu nubile de nos hésitations enfantesques,
le vert était un magasin de porcelaine que nous avions peur de broyer en marchant
– alors que l'on ne broie que du noir –
ce U que l'on dit « you »
comme Toi !
Voyez-le !
Voyez-la !
Voyez-la nue comme je la désire !
Voyez-le mou, et comme un rien m'inspire...
Spire
Ressort
Rebondir
Et de là dont on ressort
Et de ça dont on respire
à conjurer le mauvais sort
évitons nous vraiment le pire ?
Je t'aime ainsi que la fleur que je n'effeuille pas :
je déchire les pages...
je les écris pour te les déchirer pas à pas,
squames requins qui surnagent.
Je déchirerai toujours mon écriture afin de te faire vivre dans le mythe de l'Amour.
C'est l'aileron dont on fait les meilleures soupes...
L'écriture n'est rien !
Et c'est parce qu'elle n'est rien qu'elle est tout !
Parce qu'aux figures de proue je préfère les poupes
et ton cul d'amour,
parce que le monde n'est pas ce que l'on découvre mais ce que l'on quitte !
Parce que quitter est plus fort que découvrir.
Découvrir
c'est impudique...
C'est en quittant que l'on s'est trouvés !
Non découverts !
Mais trouvés.
Et nos pudeurs en furent témoins.
Le U est la voyelle avant le V de ton prénom.
C'est pour cela qu'il est vert comme tes yeux.
Et toi, tu ne peux te suffire de l'insuffisance de la parole humaine,
donc je t'écris.

Aime-moi d'une bulle exploratrice en vide,
et de ta seule étoile dont je suis avide ;
des galaxies nos pulls sont tissés de nos rides,

des glacis de la toile, ô diserts mais arides,
sur ta face cachée je me suis déposé,
laisse moi décocher nos flèches opposées.

mercredi 19 mai 2010

La boucle II...





Si vous aviez la curiosité de revenir aux racines de ce blog, vous constateriez qu'il fut instigué pour clore un épitre peu commun : celui de deux cent quarante-trois poèmes répartis en trois tomes, eux-mêmes subdivisés en trois chapitres chacun. Ce blog devait donc être le lieu de l'achèvement des "Chants d'ouest dominants", mais comme il arrive parfois dans les histoires d'écriture, il fut aussi celui d'élection de deux nouvelles chroniques qui s'y rattachèrent : "Les chants d'outre-chute" dès 2007, puis "Mû" en 2009...
Ce site va donc avoir quatre ans d'existence, et reste mon seul lien véritable à la toile, d'autant plus précieux qu'autour gravitent ses satellites, témoins de ma volonté de diversification littéraire. Tous attestent de mon amour de l'écriture et de ma motivation à me faire tour à tour nouvelliste, théâtreux, reporter ou différemment poète...
Il me reste encore quelques poèmes à écrire pour "Mû", quelques autres en vers libres, quelques chansons peut-être et des calligrammes à coup sûr - vous me savez relativement doué pour ceux-là... Mais au plus profond de mon complexe hugolien, cendrarsien, l'obsession de transformer la lettre et de voyager au cœur des mots sous toute leur forme. Edgar Allan Poe qui m'est une idole, incarne plus qu'eux tous cette caméléonie que je vise. Je viens de découvrir la poésie de Michel Houellebecq ; elle me confirme que le statut d'écrivain ne peut se suffire d'un genre, ne peut se suffire d'alimenter l'alimentaire ! Nous éructons dans le désir d'incarner à tes yeux, lecteur, les facettes qui font mouche quand t'as rides d'eux plissés et de tes bras trop courts.

samedi 15 mai 2010

La boucle...

Le texte écrit ci-dessous, est le dernier des "Chants d'outre-chute".
Je n'ai pas gran'chose d'autre à déclarer...
Il vient un temps où tout s'arrête logiquement.
Depuis cinq ans, j'ai taggé de mes pauvres mots les pauvres façades d'un univers virtuel qui a du mal à s'inventer.  La roue tourne sans que même j'en sois conscient : il faut aimer sans souci de la façon dont on l'écrit.
A bientôt !

Les bouchers doubles

À mon oncle et à son père,


Que sont les métiers attisés ?
sinon la preuve qu'à part neufs,
nos vieux rouages à teaser
sont les rochers de Rothéneuf,
sculptés dans le granit à vif
et dans la veine immémoriale,
qui suinte à notre sueur de suif,
à notre force salariale ?

Si souvent l'on s'éprend, méprend,
les métiers qu'on a mélangés,
c'est que souvent, toujours s'apprend
le geste qui me mêle Angers,
le tournemain qu'un rien ausculte
à l'augure aigre des carrières,
mais dont le coup de pied au culte
n'est qu'un auvent dans le derrière !

Je sais qu'il est le boucher double !
dont la culture et l'instruction
doivent toujours semer le trouble
à nos futiles componctions.
Et Dieu que c'est un beau métier
que de trancher au cœur de l'art,
la belle viande en ses quartiers
comme une ville emplit ses gares !

Bien plus que maîtres du régal,
j'en sais philosophes discrets,
qui savent que la chair égale
les désirs qui nous sont secrets,
les trémolos de l'existence
et le drame à couteaux tirés,
partagez donc ma pénitence,
puisque nous sommes retirés...

jeudi 13 mai 2010

L'atomique croupier

Et puisqu'un père manque et passe,
et puisqu'être enfant n'est qu'un fait
qui nous conduit à tant d'impasses,
dans des étuis de porte-faix,
qu'aux âmes sont ce qu'on ramasse
et dans des gangues de graviers,
je laisse odieux la loi des masses
à l'atomique affreux croupier.

Qu'il me choisisse un numéro,
qu'on endosse art sur son séant,
il ne m'est rien qu'allume héros :
ni mer ni valse d'océans !
Ni Jason jasant d'argonautes,
ni plus une odyssée d'Ulysse,
les chiffres sont tout ce qu'on ôte
pour sembler notre vie plus lisse...

Les doigts sur le clavier du mal,
il effeuille un brin nos vertus,
et dans notre spasme animal
et dans l'enfer où s'évertuent,
les billes lancées au hasard,
j'ai saisi sa main malhonnête :
que cesse enfin tout ce bazar !
Que le croupier soit mal au Net !

vendredi 7 mai 2010

La passage-femme





On naît des mains de sages-femmes,
mais desquelles peut-on renaître ?
mais desquelles tirer la flamme
si suffisante à vouloir être ?
à vouloir poursuivre la vie
comme dans un couloir d'hosto',
et la repeindre d'un lavis
comme un bateau d'Entrecasteaux ?

Lorsque nous renaissons un jour,
ce n'est jamais seul à l'ouvrage,
et dans ces grincements de fours,
et dans ces grondements de rage,
il en est une par amour
qui nous en offre le passage,
entre ses cuisses, ces deux tours,
puisqu'il faut bien n'être pas sage !

Nous stagnons entre deux présents
comme le cul entre deux chaises,
qu'on le botte en chemin faisant
est le propre à qui bien nous plaise !
Et si je pends comme un faisan,
fil à la patte et fille en cœur,
c'est grâce au vide qu'en fraisant,
la femme fit de mes rancœurs.

jeudi 6 mai 2010

Le contremaître-chanteur





Comme il en est des hautes-contre
ou des violences du violon,
des contre-sens et des rencontres
ou des accords que nous violons,
ce sont les ouvriers du verbe
qui poussent jusqu'à ces hauteurs,
un peu comme le blé en herbe,
un seul contremaître-chanteur.

Et si l'on pouvait d'épées rire
ou sur leur fil se retrancher,
pendus à s'en laisser pourrir
ou strangulés à la trachée,
j'en sais qui la joueraient piano
de tant de cordes pour s'éprendre,
Qui se feraient poser l'anneau
d'esclave à sa voix pour s'y rendre.

Il est ainsi contrevenant
à toute moindre bienséance,
et chante aussi à l'avenant
sa partition de nos séances :
il fait se lever le rideau
sur nos châteaux de loirs blasés,
et nous méduse de radeaux
De Denée jusqu'à Trélazé.

mardi 4 mai 2010

Esthéticien du mien





De toutes mes longues écritures
griffées de l'ongle et de ratures,
tels les portraits taillés des doigts
dans la pâte à qui l'on se doit,
je n'ai su taire aucun relief :
je ressemble à Laurent Terzieff...

Pourquoi faut-il en ces arrêtes,
saillir des jugements ineptes ?
Et pourquoi faut-il que je m'arrête
à des détails que nul n'accepte ?
Maquillons donc la vérité 
et toutes mes aspérités !

Le mieux est le l'ennemi du bien,
et Dieu, l'esthéticien du mien,
les mots sont un masque de vie
où tous les écrits se dévient,
la prière, une constriction,
et le beau « A » sa construction...

Comment pouvoir se regarder
sans ces valises à garder ?
Sans ces voyages annulés
qu'un annulaire annihilait ?
Sans doute aux golfes lunulés
bercés par l'océan du laid.

dimanche 2 mai 2010

Sculptrice





J'observais d'instinct l'art de ses doigts pétrissant
de la terre où mes vers, d'un œil incandescent,
reflétaient le mollard des maux attendrissants,
mon si pauvre univers au globe opalescent.

J'étais un moins que rien dans le caniveau de ses cils,
le doigt qu'essuie la larme à l'orée de son style,
et le diable terrien dans des élans sessiles,
j'étais la triste alarme aux poisons que j'instille.

J'étais Rimbaud, Cendrars, dans ses yeux de sculptrice,
mais mon clavier courbé d'une échine où vents crissent,
rendirent à cendre art, premier rôle à l'actrice...

Et j'étais bouche bée – quelque pose que prissent
ses modèles ployés par les pluies qui m'inondent –
par les pleurs à varier d'origines du monde.

samedi 1 mai 2010

Un brin de mue gaie





Que puis-je vous offrir pour dernier premier mai ?
sinon que merle en frire, ayant les yeux de Chimène,
pouvant en duc de grive, à ce brin de mue gaie,
rissoler – tout arrive – à cet air de « Carmen ».

Les révolutions voulues par les minorités
sont au temps révolu que l'on dit des cerises,
et la part du gâteau dont l'on eut hérité,
n'est jamais aux bateaux qu'un souvenir de brise...

J'ai regardé '68 du ventre de ma mère,
déjà dans ma fuite et tant surprotégé
que mes gènes en garde en gardent métamères,

la redondance hagarde aux cymes enneigées
des promesses de fruits en ce doux mois de mai,
et l'infini du bruit fredonnant ses « oui mais »...