mercredi 28 juillet 2010

Désamour

Bien des histoires dures perdurent,
faisant tampons des wagons du temps,
mais quand vient le moment de conclure,
on ne s'aime pas moins pour autant.

Bien de ces chansons douces courroucent
quand un couple est couplet finissant,
mais la belle blonde, brune ou rousse,
on ne l'aime pas moins pour autant.

Puisque tout début signe une fin,
que c'est là la loi des partitions,
ne retenons juste qu'un refrain
aux chansons de nos séparations.

Bien des refrains ont fait fi des freins
retenus par des serments latents,
et si l'on en perdit son latin,
on ne s'aime pas moins pour autant.

Bien des poèmes furent écrits
pour parer à nos à-coups de sang,
pour réparer les pleurs et les cris,
mais les aime-t-on plus pour autant ?


Ceci est le 600ème poème que j'écris ou réécris depuis avril 2005...
Une coïncidence. 600 poèmes... 600 raisons de vivre et de le faire partager.
600 raisons de penser à soi et de pardonner...
600 raisons de comprendre que le bonheur ne réside qu'en la simple réalisation de nos désirs initiaux.

Je vous embrasse et vous souhaite le meilleur.

Micha

samedi 24 juillet 2010

Invitation aux calligrammes

J'aurais aimé vous servir des textes très savants traitant des calligrammes. En fin de compte, il semble que ce soit aussi rare que les calligrammes eux-mêmes, cette invention de Guillaume Apollinaire - dont nul n'est sans ignorer qu'il est un de mes poètes-phares - pour laquelle j'ai souhaité poursuivre l'investigation.
Ce faisant, c'est donc humblement que je m'efforcerai de décrire ici, avec mes mots, les propriétés particulières et les forces de ces réalisations.
Le propre du calligramme est d'être à la fois le contenu et son contenant, d'être une image qui appelle l'oeil, et l'invitation à sa dissection. Sa forme globale donne le thème du poème qu'il suggère et porte comme une femme enceinte. Le calligramme est pregnant. Il est image et texte à la fois. Il est double. Comme nous... Il est pictural, c'est de loin qu'il attire, et de près, comme les petits coups de pinceau des impressionistes, il révèle l'intensité de ce qui le finalise. Le calligramme est le propre du paradoxalisme : il est un tout fait de petits riens.
Ce que j'aime dans mes calligrammes, c'est qu'ils font rire les enfants, c'est qu'ils provoquent l'intérêt curieux de vieux didacticiens du verbe triomphant, c'est qu'ils sont la forme la plus provocatrice de ma poésie débridée.
Qu'est-ce que la création ?
Une image dans la tête à laquelle on cherche à faire correspondre les mots de notre langue...
Un Calligramme.

Voir : http://kalligram.blogspot.com/

jeudi 22 juillet 2010

Premier manifeste paradoxaliste






Merci Sartre !
Depuis ton passage désastreux
depuis ton vin tiré du bac philo
- phylloxera, oui ! -
nous subissons le poids de la société de l'existentialisme
et des greffons américains
où se nécrose le cru de l'encre
dans l'achevé des discussions sur "l'identité nationale"
merci Sartre !
L'heur n'est plus aux muscles des deux magots
ni plus qu'à la bourgeoisie fébrile
se réunissant pour refaire un monde qui n'appartient qu'à son intellectualisme veule
décidant du fond
décidant de la forme
décédant de ses enfants morts-nés
décidant des préceptes de mois éculés
mai
mais
les vrais enfants de ces mois stériles
sont ceux qui les ont vu du ventre de leur mère !
Il faut chasser comme une mauvaise mouche
la dictature de la pensée
cet espèce de conformisme puant
faussement gauchiste
englué de parisianisme dégoulinant
et saturé de ses circonlocutions abstruses
qui nous ont mené à ça !
S'il me fallait décapiter le cadavre de Sartre
à défaut de tuer son œuvre délétère
Je le ferais devant vous par cette guillotine
l'existentialisme est une valeur morte !
Un non-sens consumériste
qui nous pèse
qui nous baise
qui fabrique des générations de chômeurs dociles
des esclaves modernes
des pays en viol de développement
des calottes polaires en fonte précipitée
des sexes décalottés devant la mémoire des génocides
d'affreuses valeurs bien pensantes au derrière sale !
Quitte à se faire enculer
que ce soit muni de notre courage
et de notre franc-parlé
et des lettres de nos rages
en maudissant les génies sortis de la lampe des trente glorieuses
comme de la cuisse de Jupiter
écartée dans un Gonzo d'agapes où tous se la touchent
le cinéma de notre pseudo-littérature actuelle
sa fatuité
sa pauvreté
sa stérilité.

Maintenant
Il faut se servir des Saints Jean baptismaux
et nous baigner à nouveau dans le poème
ainsi que nous l'eut proposé Rimbaud.
Il faut extirper l'écharde
écrire les jeux
les "JE"
et de toute la force de nos mots
suivre le chemin de ces chansons qui nous ont inspiré
et nier
nier l'absurdité du passé qui nous a précédé
et ne pourra pas nous succéder
car tout passé nous est mort
tout passé nous est tombe
et ses errances tombent
en tristes matamores...

Nous sommes sortis du ruisseau
et de nos fières pauvretés
du flux des caniveaux
pour nos poésie émiettées !
D'un flux dit RSS
pour enfin leur jeter
des croix où naguère, en URSS
on eut dit cimetière à ces gestes damnés.
Peu importe la forme
peu importe le son
peu importe la norme
peu me chaut la leçon
en nos lettres la vie
doit retrouver du sang
et le décent lavis
d'un décor innocent.
Nous devons nous rejoindre
fabulistes du mieux
Cet accord est le moindre
à nos verbes gracieux.
Battons les blés dans des gerbes splendides !
et nos vomis imagés
sur ces vides putrides.
Jongleurs de mots
souffleurs de vers
soyons anormaux
sans être pervers
soyons initiés
initiateurs
de cette branche sciée
prestidigitateurs
prestes agitateurs
des frondaisons que l'on taille à la nouvelle saison venue
torchons les nues !
et les serviettes seront bien gardées
ah la vache !
les cadres et leur ministères
les gros bobos de la vie trônant dans leurs tricots stériles
les Marcel pris d'assaut dans leur tour d'y voir
les présidents de sagesse qu'on arrache
l'ordre du désordre consenti, consensus, convenu
la cohorte de tous les parvenus.
On trouve plus d'imagination dans le cerveau d'un Homme LIBRE
que dans l'attache-case d'un technocrate
et plus de sentiments qui vibrent
que dans un carnet de bal phallocrate...

Finalement, je n'en veux plus à Sartre :
il a fait son temps et ses humeurs
et tout cela s'entartre
sans que l'on ose tirer la chasse
les bouches des goûts sont décorées de dartres
comme des décennies putains n'ayant pipé mot
comme des sourires qui meurent
comme des Falachas
pendus au scion d'une ligne de leurres
de mensongers émaux...
Non, nous ne sommes rien
et puis nous sommes TOUT
nous n'écrivons pas mieux
n'écrivons pas moins bien
nous sommes dispendieux
et puis nous sommes fous
nous sommes nos contraires
n'est dévot ni con traire !
S'il faut que nos contradictions
soit le pivot de nos géodes
et nos paradictions
l'arraison de nos odes
brisons les sphères de cristal où s'étiole aujourd'hui le verbe
et les mondes bienséants trinquant à la pensée de la misère au paroxysme
rasons – la barbe ! – les édifices de notre plume acerbe
et sans dessus dessous, indécents, dressons le paradoxalisme.

mardi 20 juillet 2010

Interlude






La voix de la raison,
C'est bien la voie des cons !
La voix du cœur,
La voie des chieurs !
Seule compte pour moi,
L'irrésistible voie
Bordée de ballasts,
comme des salves
de bordels slaves,
de « lost but not the last »,
de pas perdus
pourtant pas perdus du tout !
de papers dus
alors que l'on s'en fout,
symboles de notre irréductible indépendance
– la richesse du pauvre –
tant que le beau est mien,
suivant la trace de la vouivre,
et de ses caténaires
l'électrochoc et l'impédance
l'horizon quaternaire
des dimensions nouvelles
d'un Edgar Allan Poe !

L'écriture est constituée des mêmes éléments que les infrastructures ferroviaires :
d'abord la ligne.
La ligne
imperturbable
gravée dans la chair de la terre
avec la parallèle des deux pointes écartées d'une plume
laissant couler l'encre d'un poulpe qui s'enfuit
l'ocre de toute fuite
parce que partir c'est fuir
parce que vivre c'est fuir
parce qu'écrire c'est fuir
parce que rimbalder c'est s'enfuir en courant
parce que tomber amoureuse, amoureux
c'est ne jamais boucher son trou
c'est ne jamais cautériser
ne pas poser de cathéter
sur les maux ni les caténaires !
C'est laisser s'en aller
les spectres de nos ombres
au Léthé sans retour
au sein duquel on sombre
pour rejaillir ailé
dans les volutes d'un vautour.

Ensuite un chemin de traverses
des clous
des bouts de bois
et nos mains que transpercent
chaque vibration
chaque rebond
chaque jointure qui craque
chaque rail que l'été dilate
suspendus que nous sommes au temps qui s'écoule
comme un nœud
ferroviaire
et qui nous asphyxie
mais nous retiens
dans la suite à donner
et le but à atteindre.

Enfin, il y a les stations
lorsque l'on trébuche
et que d'un trait bouches
baisers
ostentations
s'offrent aux adieux dessinés par les regards désespérés des lecteurs de romans de gare
ou de guerre lasse
ceux-là mêmes s'imaginant un sens à leur vie
dirigée par le chef de la-dite gare
où les ombres des amours virtuelles se prélassent...
truuuuuuuuuuut !
truuuuuuuuuuut !
Personne n'a plus les manettes !
C'est à couper le sifflet.
Des yeux pleurent
des oignons, des peluches
les peaux desquament
et la vie change avec les kilomètres qui éloignent
avec les kilogrammes
avec les années de l'existence que le chemin de fer tatoue
avec les poèmes et les calligrammes
et le fil incarné de tant d'angoisses passagères.

Mais voyager le long des voies ferrées
comme un mousquetaire au service de la reine Micheline,
emprunter les rames d'un ferry pestiféré
et les rimes des veines de notre adrénaline,
conduit à la question subsidiaire :
si demain m'est aujourd'hui
que reste-t-il d'hier ?
Nous sommes les écorchés éconduits
de locomotives sans pilotes,
d'un leitmotiv où polyglottes
épuisent leurs salives
sur des solives
et des lambourdes
de bourdes
formant le plancher des vaches regardant passer les trains.
Des populations de veaux échappent à cet entrain.
Seuls
quelques irrépressibles compulsifs
veulent
se prouver que l'illusion du mouvement perpétuel
échappe aux lois de la thermodynamique
que l'équilibre instable est ostensible
que les lois et les genres
et que les lois du genre
sont des concepts poussifs
au regard des cordes sensibles
à l'aune des cliquetis
de la dactylographie
des jointures quasi-articulaires
de tout squelette ferroviaire.

Chaque roman s'écrit à la pointe d'un aiguillage
chaque récit se fonde dans un moule
et son métal rugit porté à blanc par tous les mucilages
et par la bave aux lèvres d'enragés tamouls.
Nos laids syndromes en deviennent excellents
et quelques cynodromes pour un mal de chien
rameutent les parias dont on sait le talent
au gré de quelque aria pour un « coteaux de Gien »...
Et puisqu'ils ne se vident que si l'on s'en sert,
puisqu'ils ne regroupent que des pouilleux fumeux,
ils sont ainsi raisins de nos colères
les wagons déprimés du train de nos matins brumeux.
Pour un nouveau départ
une nouvelle gare
un interlude
interlope
entre la naissance et la mort
entre le pain, les jeux, le couteau et la fourchette
entre les vacuités du quotidien
entre les espoirs et les désespoirs
avec pour seuls moteurs
un sentiment de bête humaine
un horizon à disperser
deux traits posés à même l'échine du globe orbiculaire
– afin de ne jamais quitter le champ de nos partitions –
et la peur du vide qu'une obsession nous pousse à combler.

lundi 19 juillet 2010

Ninotchka





À mon ami Morgan Riet, poète.


Il m'apparaît écrire entre les rails du temps
que traverse – ô soupirs – ma note en bas de page,
aux portées d'un Cendrars ou d'autres léviathans
ayant peuplé les arts de mus aréopages.

Nous sommes contenus de tous ces contenants,
autant que grains ténus du fruit de leurs travaux
qu'un germe aléatoire, au flux incontinent,
transperce à l'abattoir des bruits de nos cerveaux.

Et chaque écorce éclate alors en mil soleils,
la pellicule plate est voilée d'autographes,
et chaque Ninotchka cède à sa sœur pareille ;

à chaque nouveau cas s'écrivent paragraphes,
à chaque symphonie sa générale idée,
tous ceux qui sont faux nient la simple vérité.

vendredi 9 juillet 2010

A mes amis (vieux texte tronçonné)




Je sais bien que vous m'avez déjà pardonné
ma prose fumeuse et pas même engagée,
mon âme passagère et mon cœur partagé,
cherchant toujours ailleurs ce qui nous est donné.

Je cherche un cochonnet et n'en suis qu'à pointer...
mais il n'est pas d'odeurs qu'on ne puisse apaiser :
je vous aime mes amis cortomaltésés
dans mes relents de cadavre désappointé.

J'ai fait la cour à tant de poules dans ma vie,
me suis tant abaissé à baiser des compromis,
me suis menti – mutin – comme il n'est pas permis,
que c'est dans ces bassesses que mon cœur survit.

Malgré ce qui m'agrafe et ce qui vous ennuie,
je pends au télégraphe inondé de mes pluies,
« arêtes ! » asséchés – si l'art en sort, oh lui !...
dont les échos se répercutent dans vos nuits.

Heureux que vous eussiez mon prénom défini
dans ce glorieux imparfait qui sent le roussi,
puisque sans vous je n'aurais que du sang souci
à couler d'un plaie-boy vers un gouffre infini.

jeudi 8 juillet 2010

Reflets




Les vers que nous sommes au bout d'un hameçon,
et que tu consommes à des bouts de lignes,
n'ont rien de ces appâts de Fanny Cottençon,
ni de ses premiers pas aux caméras malignes...

Ce sont des vers à soi, cachés dans un cocon,
où les rimes s'assoient, souffrant de crise à Lied,
où les airs de Schubert et nos pieds de cochons,
font autant que m'abhère un axiome d'Euclide.

Ce sont des papillons aux désirs léthargiques,
qu'en quelques pas pillons à marcher sans rien voir,
bourrons notre mémoire à renfort d'antalgiques !

La vie est un grimoire et notre tour d'ivoire ;
le passer comme au jeu n'est qu'un acte de lâche :
c'est s'affronter au « Je » qui fourbit toute hache.

mardi 6 juillet 2010

Paire de claps






D'une paire de claps, le cinéma muait,
ce qu'on fuit nous rattrape et la parole aussi,
fut-elle celle qu'on se – chahut – chat-huait,
ou tant mots « à la con » que le vent en grossit...

Ou Tango le dernier sur les quais de Paris,
que pour trente deniers à la Mutualité,
on ne sut que dénier comme on quitte un mari,
car ne sont que des niais à se croire alités.

Filent films et des fils – cheveux et pellicules –
et l'image de fille accrochant la rétine,
de tirer la bobine où d'autres s'émasculent,
j'ai dessein de combine à chercher ces tétines :

Toutes ses sœurs palpitent au creuset des nuits,
révélant sa pépite au mercure insomniaque
d'un thermomètre honteux de sombrer dans l'ennui
de trente sept et deux dépressivo-maniaques...

Puisqu'un marteau m'abreuve au flux de ses regards
– n'ayant en eux pour preuve un moindre appel intact –
laissons de ses faux-cils le simple cri hagard,
que tranche la faucille à mes manques de tact...

Mais de nos projecteurs on entend le tic-tac,
si nous sommes acteurs, nos vies sont un théâtre :
les planches vermoulues que nos rimes attaquent
ne sont que vers voulus du feu dont on est âtre.

lundi 5 juillet 2010

Lipstick

Lipstick polychrome by Daniel Balavoine on Grooveshark


Il a plu rose – et sans pétale –
dans l'herbier fol de mes vingt ans,
comme une tache qui s'étale
entre deux planches s'écartant.

Faut-il un bout de doigt si sale
et d'un rouet goutte de sang,
pour qu'un dessein dessus dessale
en gemme aux cristaux indécents ?

Nous ne pouvons nous lamenter
sur des amours trop hésitantes,
ni nous trouver de l'âme hantés
par tant de cœurs mis en patente...

Nous ne pouvons rien qu'avancer
sur des irrésistibles sentes,
en oubliant que l'avant c'est
du passé ce que l'on pressente.

Il a plu mauve à mon iris,
la larme sèche à mes erreurs,
les poils des pinceaux se hérissent
comme un cil sous de l'eye-liner ;

et sur la toile aux artifices
où j'ai tendu mes sols pleureurs,
il n'est nul autre bénéfice
que notes en accord mineur.