mardi 30 novembre 2010

Le mauvais taon




Qu'on gratte une allumette au replis d'un sourire,
que celui qui s'y mette ait l'air épouvantail,
la paille brûle aux vents d'évidents souvenirs
sans que ne soit auvent du plus triste ventail.

Pelliculant le temps, nous marmonnons des scènes,
un vestige impotent de nos statures nées,
dont ne reste posture un tant soit moins obscène
que la vaste imposture où nous fûmes ignés.

Cigarette ! Au cancer je distille un poème :
L'amour dont on se sert est toujours multiforme !
Si sont mille façons de se dire « je t'aime »,

si sont cent malfaçons de se sentir difforme,
je me sens tout petit et perclus de l'arthrose
où manque d'appétit fait flétrir toute rose...

vendredi 26 novembre 2010

Timisoara

Demain je serai mort et l'aube sera belle,
nous n'aurons nul remord aux dents vite affranchies
du timbre de nos voix où brune mira belle,
où blondes au pavois seront vite avachies.

D'un bouclier si lisse où Méduse se mire,
miroir, ô mon Ulysse, on fera l'intestin
d'indigestion nomade en un doux Cachemire,
et de quelque Cyclade un infini festin.

Demain je serai vif et l'argent coulera
comme ingrat sur le suif de tristes décibels,
de notes avortées à Timisoara.

Demain je serai mort et l'aube sera belle,
les charniers m'ont heurté mais ne sont que mensonges ;
suis-je ainsi matamore et que mes mots me rongent ?

dimanche 21 novembre 2010

Aphorisme de nuit

C'est dans la plénitude des temps faibles d'une œuvre qu'apparaissent les vrais traits du génie créatif.

Michel P

vendredi 12 novembre 2010

Kerouac


ACDC.-.Highway.To.Hell
envoyé par DARKBENZIN. - Regardez d'autres vidéos de musique.



Kerouac a écrit "Sur la route" d'une façon monolithique.
Il a pris un rouleau de papier qu'il a collé sur le tambour de sa machine à écrire, et il a pondu quarante mètres d'un "tapuscrit" qui ressemble à la route qu'il parcourut. Ce "tapuscrit" fut alors adapté aux exigences de l'édition, mais il vient de reparaître - enfin - dans sa forme initiale, sans paragraphes ni rejets à la ligne : le rouleau original.
Il vient de reparaître sans les "coupes claires" de la censure, tel un rouleau des manuscrits de nos mères mortes, tel une table des lois à enfreindre.
"On the road" est un état que je connais parfaitement ; ce n'est pas le continent américain que j'ai déchiré de mes pneus, mais le far-west de la Bretagne vers Paris. Curieusement, Kerouac était d'une famille originaire du Huelgoat, là-même où j'écrivis et scandai mes premières proses hésitantes. Dans ce lieu fait de roches aux fées, où mon fils pêche des perches qu'il me remercie d'avoir senties sous un caillou qu'un titan laissa, je repense souvent à Jack Kerouac et à notre infinie déliquescence au nom du verbe triomphant, et des parcours étranges qui font de nous les témoins de nos époques.

jeudi 11 novembre 2010

Couleurs



Le bleu qu'on aime à tome est sujet de romans,
le vert qui naît galant, n'égale en rien tes lèvres,
le rouge est un mendiant bravant tous les tourments
qu'un charbon dichotome emblave de nos plèvres.

Le mauve tousse un peu l'arc-en-ciel tuméfié
qu'indigo la folie pousse à natif aux pieds,
des roses adipeux de couchants extatiques,
je n'ai plus que le gris de nuages statiques.

Le jaune des papiers me colle encore aux doigts ;
le brun de mes photos bruine en autant de tâches
qu'on range à tant d'orange où nos feux se soudoient.

Et s'il faut qu'amarante soient mes B.A. tristes,
de ce pourpre qu'indente un sang à toute attache,
quelques mots se sont peints d'un grand blanc futuriste.