samedi 10 décembre 2011

L'arktanthrope

Je me suis rendu compte, un mois, d'être arktanthrope,
lorsque Dame Nature émit en moi la bête,
avec les sentiments émus d'un héliotrope
et leur jolie fracture en mots analphabètes.

Oui, la jolie "failure" à l'ordi' de ma tête,
la forêt de mon corps à l'Eve et à la dent
qu'elle a contre l'allure où mes pulsions s'entêtent
à devenir décors des hivers ramadans.

Désirs, vers, on dévore un vide évident,
on lèche le miel à grands doigts évasifs
d'un fugace omnivore où la ruche est vie dans.

Et l'on guette l'abeille où les chevaux se piquent,
le cas "mue" de Camus quand il conte Sisyphe,
les baisers qu'on commue dans des ourses épiques.

lundi 21 novembre 2011

J'aragonise


Si j'avais su qu'en écrivant,
de son accroche un triolet
irait s'inscrire en tous mes vents
comme le son qu'on trie aux laids,
j'aurais soigné d'Elsa l'aimant
que mon plumage galvanise,
en décrivant exactement
qu'effectiv'ment j'aragonise...

Si j'avais vu qu'éternuant
j'arrosais le Tigre et la phrase,
mais au pot d'amis percluants
qui font que l'avenir s'écrase,
j'aurais projeté sur l'écran
des sentiments qu'on éternise,
l'image incessamment à cran
qu'effectiv'ment j'aragonise...

Et je me serais instillé
dans un tango désargentin,
la veine à l'aide d'un stylet
de tes baisers adamantins,
la fente faite entre tes cuisses
- Que Semmelweiss, oh, m'immunise ! -
sans que dire en moi nul ne puisse
qu'effectiv'ment j'aragonise...

Et j'ai posé mon long menton
sur les cannisses de tes côtes,
et l'azur vert d'un ton pour ton
sur tes lèvres que je bécote ;
si sont des conquêtes à faire,
ton ton gaulois les romanise,
mon oppidum est un enfer :
effectiv'ment j'aragonise...

Les canaux du cœur sont multiples
et toi tu me les fis gémeaux ;
tant il est vrai que nos disciples
ne sont que l'ombre de nos mots.
Ce muscle pompe et s'évertue
à masquer les rues de Venise,
mais quand s'envole la vertu,
effectiv'ment j'aragonise...

Si sont couleurs à l'arc-en-ciel
dont je n'ai plus la perception,
qui donc me payera d'un pot
la peinture à nos exceptions :
mon amour a regard persan
de ces sucettes qu'on anise...
Je sais combien je perdrais sans
qu'un jour enfin j'aragonise.

dimanche 13 novembre 2011

Aquafortiste

Eau-forte et piano-forte,
j'apporte un nom à ta portée ;
qu'en sorte un « oui » sans se forcer,
d'accorte amante on t'a corsée...

Ton aquarelle a pris mes os
- tant qu'à croire est là mon museau
qu'en broutant, jeu mène au réseau -
en breton « Je » se dit « me zo »...

S'il est un autre pour t'aimer
(cillait un nôtre aveu témé-
raire en riant des rétamés),
braire en rien n'en est l'acmé !

Tes doigts pianotent mes baisers,
tu dois grignoter mais biaiser
le long d'un sourire apaisé,
l'élan toi souris, l'a puisé !

Et croches volent à l'archer,
décrochent vol à l'arrachée !
L'amour est tellement béant
qu'un jour on finit chant bêlant...

Mais si d'Agneaux, près de Saint Lô,
je laisse la gnôle aux salauds,
c'est pour engrainer ton silo
d'avenirs aimant aussi l'eau !

Mais si ne te plaît pas ma voie,
j'accepterai que tu ne vois,
en répondant à quoi, fort triste,
que je ne suis qu'aquafortiste.

mercredi 2 novembre 2011

Novembréhal

L'arbre aux quarante écus t'a vêtue d'un drap d'or,
trente deniers d'inculte ont dépendu ma langue
en novembre, aux signaux que ce mois subodore,
quand le loup fait l'agneau comme un fruit dans sa gangue.

La vie même s'enkyste et l'on meurt près de l'âtre,
on gribouille une liste où les dates s'empilent
tant la nuit prend la place à ce jour que l'on châtre,
la pièce après sa face exhibera sa pile...

Mais ma plume est nocturne et les scènes s'écrivent,
un verset taciturne accompagne mes rimes ;
puisque faute de perle il me reste des grives,
cette plage en maërl est théâtre de crimes.

J'ai connu des chaussées (du Sillon... Saint-Malo...),
déchaussées des Chausey, autant que de jours d'an,
des Jourdain fantasmés et dont on aima l'eau,
mais n'est plus de ce met qu'un latent mal aux dents.

J'ai pris une Vanlée sur le havre susdit,
au beau des prés salés pour dédier à tout saint,
à Michel ou Martin, peu importe, mardi,
tout ce mal qui m'atteint, que je livre en vaccin.

Puis aussi j'ai traîné, Plat Gousset, montre en main,
où Granville étrennée prépare sa Noël,
car décembre est déjà siphonné par demain,
et des cendres d'orgeat reste son pain de miel.

Ville haute où s'éteint tout l'espoir de l'été,
où le croissant d'étain sur mes rides s'immisce,
puisque l'on ne peut pas être et avoir été,
laisse moi donc - sherpa - t'escalader la cuisse.

Les cafés qu'on dit d'un "nec plus ultra" marin,
n'auraient plus que dédain pour les maudits poètes ?
Il est vrai que d'oseille, ils n'ont que romarin...
et que leur nez groseille est le bec à la mouette.

Leur Ophélie, défaits dont ils vont à la quête,
fait d'eux les portefaix d'un fatalisme obtus,
et dépendants fumeux d'un fameux spirochète :
j'ai su ma Sophie lisse aux baisers qu'on m'obstrue !

Les marées sont passées sur les pas hasardeux,
les beautés ont poussé sur des champignons creux,
l'amadou brûle lent sur la mèche d'eux deux ;
si j'en suis, non-violent, c'est pour moins désastreux.

dimanche 30 octobre 2011

Impressions manchoises

C'est tel un point brandi, le bras grêlé d'estuaires,
par une maladie d'évidence océane
que la Manche retrousse un rictus qu'hélas tuèrent
les marées que repousse une onde qui s'ahane.

Mes versets singuliers dans ce pays liquide
ont l'aspect régulier des havres grimaçants,
et l'humble densité d'un salin air languide
endormant ses cités dans un rythme quiescent.

La hanche dénudée des plages cotentines,
quand Dieu se dénue dés et que tout est écrit,
se recouvre d'un drap – jet sur l'adultérine –
d'écume où s'éprendra de la fée le proscrit.

Entre-temps, suspendu par le balancement
des eaux, le dépendu de ses fourches caudines
pourra, patibulaire, espérer comme on ment,
brasser l'heur, brasser l'air, vivre un peu comme on dîne...

Puisque nos vies sont vouées à une mise en bière,
mais avant à dévouer nos deux poings à des rings,
battons-nous et tremblons que demain soit hier,
mais pour l'or du houx blond de nos enfants vikings.

Et la Manche se fait sans mendier pour autant,
et quelque étrange effet vient saluer son affront,
d'est en ouest en marais, et depuis quarante ans,
le soleil par ses rais, inonde notre front.

Là, les baies font des « V » – serpentins ostensoirs –
oubliant qu'on devait, lorsque s'en va la fougue,
à Prévert et Gourmont faire aumône d'un soir,
aux poètes gnomons donner Saint-Vaast-la-hougue...

Par ailleurs on sommeille : ici quelque port baille !
Dans sa teinte vermeille, il brille par l'absence.
Si la normande en glaise se dit « Lullaby »,
l'océan, vous en plaise, absorbe notre essence.

A la face du ciel et du grand Erebus,
dans leur reflet partiel, telle un lac haut en teint,
telle l'âme à tiroirs où l'homme est un rébus,
la mer est un miroir avec la côte en tain.

mardi 25 octobre 2011

Aphorisme à Elle (en attendant Israël...)


"L'amour, c'est comme la sélection naturelle de Darwin : ne dure que ce qui répond à l'exigence du milieu, ne résiste que ce qui a vocation de vie."

Michel P

dimanche 16 octobre 2011

L'ultime atome

Si les mots sont bannis de ce dont brille amant,
les miens sont l'avanie de ta pulpe d'émoi :
braises de bouche bée balbutiées brillamment,
un bel âtre absorbé par les cendres des mois.

S'il est feu sous ton toît et de nous synergie,
alors reproche-moi mon air d'enfant choyé,
peu m'importe l'esbrouffe où se perd l'énergie,
s'il me reste un seul souffle, il est à ton foyer !

J'ai reçu mon portrait sans le moindre éclectisme,
tel un faux Dorian Gray qu'en sosie je déçois,
ces mots - caricature - ont forgé mon mutisme,
tant la moindre rature est un refus de soi.

D'une gomme arabique à ma main l'estropiée
(la pression sur un bic nommé "simulation",
dont la griffe latente arrachait le papier),
j'ai pressé la détente avec délectation.

Caressant de ma plume un espoir juvénile,
la rivière en enclume à ton col exulta !
clavicule fluette, âme verte d'une île,
j'ébréchais mon squelette à des ailes delta.

Des oiseaux hérités - pages, rouge entonnoir -
j'ai la gorge irritée qui me dit "secours les !"
car pour toi je picole atone au siphon noir
l'encre molle où l'on colle une coquille ourlée.

J'envoie valser les temps qu'on accorde à la gym'
de ta vigie guettant tes actions à souscrire,
si singeries bouffons qu'on nous mette au régime
l'ultime atome où fond la matière à t'écrire.

dimanche 9 octobre 2011

Twins

(Mount Saint Michael - Cornwall)


When the sea let us on the shore like a poor shell
While the moon fights the day for emportin' the tide,
Front to front, Mount Saint Michael and Mont Saint Michel
are the two points of entrance in the britonside  !

mercredi 7 septembre 2011

Le parvis

D'un parvis vivipare est parvenue nouvelle,
la vipère en ma part de ce vent épervier
qui m'enserre en ses crocs ou me croque en cervelle,
dont l'hémisphère accro' vide à l'envers l'évier.

Souffle d'ouest, ô puissant giflant le Cotentin,
sur sa face fouissant, corps qui sur son cou danse,
corde raide pendue qui souvent en tente un,
je goûte de ton dû des moutons sur Coutances.

Alors ce vent malin qui soulève les jupes,
lèche d'un air salin les jarrets des clochers,
et caresse invasive, entre deux chupa-chups,

de sa pluie l'intensive il me reste l'archet,
des violons de Ferré lorsque tout est extra,
des baisers enferrés quelqu'aigreur d'un contrat.

Aphorisme socio-économique

Comme quelques autres avant moi, j'ai tissé ma vie de bouts de pauvreté pour éviter la trame de la médiocrité.

Michel P

lundi 5 septembre 2011

Aphorisme auto-non-référent

Objectivement, si moi je m'interdis peut-être certaines choses, aucune chose ne m'interdit d'être moi !

Michel P

mardi 15 mars 2011

Tanka-hommage au peuple japonais

A Fukushima
sagaie mue par le magma
par la vague amère
sort de son anonymat
l'Armageddon nucléaire.

samedi 12 mars 2011

Chroniques coutançaises, épisode premier

En Coutances, sans simplifier excessivement, il existe une rue, quelque peu diverticulable ou calculable, mais à peu de choses près une rue, taillée dans la roche telle une saignée dans une motte féodale de beurre normand, à cet autre peu de choses près d'ouest en est, de sorte que les vents dominants s'y engouffrent avec la délectation de staphylocoques pour une plaie béante. Cette rue monte sur ses deux tiers est, puis descend sur son dernier tiers ouest ; au sommet se trouve une cathédrale, au bout du tiers ouest une gigantesque église gothique, au tiers milieu des deux tiers est une imposante église romane... L'ancien oppidum est donc le fer porteur d'un trident d'édifices dont le sommital et plus prestigieux est lui-même vecteur de trois clochers : les deux des classiques tours et le troisième de celle lanterne arrosant le cœur de son puits de lumière régénérant.
Se promener dans Coutances consiste donc à monter puis descendre puis remonter et redescendre cette asymétrique artère, tel un ludion dans un tube où l'eau serait ce bleu que l'on croise dans le regard des passantes ou dans les pluies impromptues venues de la mer proche. Marcher ce court kilomètre illustré par les devantures des commerces est donc un bercement subtil et rassurant, rappelant le ventre maternel et le paradis gestatif de "l'eau fermée" de Paul Eluard. Dieu, que je m'y sens bien.

vendredi 11 février 2011

Aphorisme sportif

Le rugby c'est comme la poésie : ça s'écrit à coups de poing et à coups de cœur.

Michel P

samedi 22 janvier 2011

La peau



Je n'y couperai pas : la peau c'est la frontière
que l'on franchit d'un pas en changeant de couleur
à nos baisers – l'Evreux, normande lévrière –
tandis qu'à deux à Dreux, le front n'est que douleur...
Nos pauvres patois doux, d'aucuns nous les vrillèrent,
nos langues en saindoux furent saucissonnées,
mais quel que fut le joug m'abattant en prière,
je rendis l'autre joue d'import arraisonnée...

Je n'y couperai plus : la peau c'est notre bulle.
La caresse a déplu mais le corps a des plis :
plis de peaux en dépôts, pas de pot les globules,
de dépit sont les plots dont nos peaux sont remplies.
« Cela m'innerve un Pô, ce long conciliabule,
et ce trouble tableau dont la planche faiblit »,
me dit alors mon corps dont le tout déambule
sans se mettre en accord à nos plans établis...

Du coup la peau éclate ! En mil morts sceaux de Mü !
Qu'elle soit ronde ou plate, une Terre est femelle
et son enfant pisseux un continent ému ;
notre écorce est à ceux dont les peaux s'amoncellent,
nos bisons, nos bisous, enveloppent nos mues,
nos indiens, nos hindous, sont indus de nos sels,
notre route est rongée par les mots qu'on commue :
Cher Gandhi, j'ai rangé ta parole en missel.

Aphorisme lucide pour nuit blanche

"Dissimuler le fait ne peut le nier. C'est une frappante synthèse des puérilités de la condition humaine."

Michel P

samedi 15 janvier 2011

Aphorisme désabusé

"La dictature s'établit souvent de façon rampante, en instituant silencieusement des lois liberticides."

Michel P

mardi 11 janvier 2011

Militaire à terre



Fut-il atteint (de guerre lasse)
d'un trait d'heure où la bourse est molle ?
Fut-il baisé comme on enlace
la vierge à l'hôtel, qui s'immole ?
Futile était son bruit qu'on fuit
– crépis t'aimant dans son vacarme –
et ce qui fit d'un fruit conflit :
Le cœur de l'Homme où tant vaque arme !

Toujours est-il – genoux en sable –
priant, le militaire à terre,
de quelques mots qui nous accablent,
de ce que d'autres déblatèrent :
car il n'est guère un tant soit pire
que les batailles financières,
crise de foi d'un sombre empire
dont les nations sont grimacières.

Ce rêveur aux beautés vaincues
subit le front baissé, l'insulte,
il aurait bien botté vingt culs
à tant de cons qui sont incultes !
À tous ces suppôts de satin
vivant du culte de l'argent,
mais oubliant qu'un beau matin
un or sortira de l'art gens !