mardi 15 mars 2011

Tanka-hommage au peuple japonais

A Fukushima
sagaie mue par le magma
par la vague amère
sort de son anonymat
l'Armageddon nucléaire.

samedi 12 mars 2011

Chroniques coutançaises, épisode premier

En Coutances, sans simplifier excessivement, il existe une rue, quelque peu diverticulable ou calculable, mais à peu de choses près une rue, taillée dans la roche telle une saignée dans une motte féodale de beurre normand, à cet autre peu de choses près d'ouest en est, de sorte que les vents dominants s'y engouffrent avec la délectation de staphylocoques pour une plaie béante. Cette rue monte sur ses deux tiers est, puis descend sur son dernier tiers ouest ; au sommet se trouve une cathédrale, au bout du tiers ouest une gigantesque église gothique, au tiers milieu des deux tiers est une imposante église romane... L'ancien oppidum est donc le fer porteur d'un trident d'édifices dont le sommital et plus prestigieux est lui-même vecteur de trois clochers : les deux des classiques tours et le troisième de celle lanterne arrosant le cœur de son puits de lumière régénérant.
Se promener dans Coutances consiste donc à monter puis descendre puis remonter et redescendre cette asymétrique artère, tel un ludion dans un tube où l'eau serait ce bleu que l'on croise dans le regard des passantes ou dans les pluies impromptues venues de la mer proche. Marcher ce court kilomètre illustré par les devantures des commerces est donc un bercement subtil et rassurant, rappelant le ventre maternel et le paradis gestatif de "l'eau fermée" de Paul Eluard. Dieu, que je m'y sens bien.