lundi 21 novembre 2011

J'aragonise


Si j'avais su qu'en écrivant,
de son accroche un triolet
irait s'inscrire en tous mes vents
comme le son qu'on trie aux laids,
j'aurais soigné d'Elsa l'aimant
que mon plumage galvanise,
en décrivant exactement
qu'effectiv'ment j'aragonise...

Si j'avais vu qu'éternuant
j'arrosais le Tigre et la phrase,
mais au pot d'amis percluants
qui font que l'avenir s'écrase,
j'aurais projeté sur l'écran
des sentiments qu'on éternise,
l'image incessamment à cran
qu'effectiv'ment j'aragonise...

Et je me serais instillé
dans un tango désargentin,
la veine à l'aide d'un stylet
de tes baisers adamantins,
la fente faite entre tes cuisses
- Que Semmelweiss, oh, m'immunise ! -
sans que dire en moi nul ne puisse
qu'effectiv'ment j'aragonise...

Et j'ai posé mon long menton
sur les cannisses de tes côtes,
et l'azur vert d'un ton pour ton
sur tes lèvres que je bécote ;
si sont des conquêtes à faire,
ton ton gaulois les romanise,
mon oppidum est un enfer :
effectiv'ment j'aragonise...

Les canaux du cœur sont multiples
et toi tu me les fis gémeaux ;
tant il est vrai que nos disciples
ne sont que l'ombre de nos mots.
Ce muscle pompe et s'évertue
à masquer les rues de Venise,
mais quand s'envole la vertu,
effectiv'ment j'aragonise...

Si sont couleurs à l'arc-en-ciel
dont je n'ai plus la perception,
qui donc me payera d'un pot
la peinture à nos exceptions :
mon amour a regard persan
de ces sucettes qu'on anise...
Je sais combien je perdrais sans
qu'un jour enfin j'aragonise.

dimanche 13 novembre 2011

Aquafortiste

Eau-forte et piano-forte,
j'apporte un nom à ta portée ;
qu'en sorte un « oui » sans se forcer,
d'accorte amante on t'a corsée...

Ton aquarelle a pris mes os
- tant qu'à croire est là mon museau
qu'en broutant, jeu mène au réseau -
en breton « Je » se dit « me zo »...

S'il est un autre pour t'aimer
(cillait un nôtre aveu témé-
raire en riant des rétamés),
braire en rien n'en est l'acmé !

Tes doigts pianotent mes baisers,
tu dois grignoter mais biaiser
le long d'un sourire apaisé,
l'élan toi souris, l'a puisé !

Et croches volent à l'archer,
décrochent vol à l'arrachée !
L'amour est tellement béant
qu'un jour on finit chant bêlant...

Mais si d'Agneaux, près de Saint Lô,
je laisse la gnôle aux salauds,
c'est pour engrainer ton silo
d'avenirs aimant aussi l'eau !

Mais si ne te plaît pas ma voie,
j'accepterai que tu ne vois,
en répondant à quoi, fort triste,
que je ne suis qu'aquafortiste.

mercredi 2 novembre 2011

Novembréhal

L'arbre aux quarante écus t'a vêtue d'un drap d'or,
trente deniers d'inculte ont dépendu ma langue
en novembre, aux signaux que ce mois subodore,
quand le loup fait l'agneau comme un fruit dans sa gangue.

La vie même s'enkyste et l'on meurt près de l'âtre,
on gribouille une liste où les dates s'empilent
tant la nuit prend la place à ce jour que l'on châtre,
la pièce après sa face exhibera sa pile...

Mais ma plume est nocturne et les scènes s'écrivent,
un verset taciturne accompagne mes rimes ;
puisque faute de perle il me reste des grives,
cette plage en maërl est théâtre de crimes.

J'ai connu des chaussées (du Sillon... Saint-Malo...),
déchaussées des Chausey, autant que de jours d'an,
des Jourdain fantasmés et dont on aima l'eau,
mais n'est plus de ce met qu'un latent mal aux dents.

J'ai pris une Vanlée sur le havre susdit,
au beau des prés salés pour dédier à tout saint,
à Michel ou Martin, peu importe, mardi,
tout ce mal qui m'atteint, que je livre en vaccin.

Puis aussi j'ai traîné, Plat Gousset, montre en main,
où Granville étrennée prépare sa Noël,
car décembre est déjà siphonné par demain,
et des cendres d'orgeat reste son pain de miel.

Ville haute où s'éteint tout l'espoir de l'été,
où le croissant d'étain sur mes rides s'immisce,
puisque l'on ne peut pas être et avoir été,
laisse moi donc - sherpa - t'escalader la cuisse.

Les cafés qu'on dit d'un "nec plus ultra" marin,
n'auraient plus que dédain pour les maudits poètes ?
Il est vrai que d'oseille, ils n'ont que romarin...
et que leur nez groseille est le bec à la mouette.

Leur Ophélie, défaits dont ils vont à la quête,
fait d'eux les portefaix d'un fatalisme obtus,
et dépendants fumeux d'un fameux spirochète :
j'ai su ma Sophie lisse aux baisers qu'on m'obstrue !

Les marées sont passées sur les pas hasardeux,
les beautés ont poussé sur des champignons creux,
l'amadou brûle lent sur la mèche d'eux deux ;
si j'en suis, non-violent, c'est pour moins désastreux.