dimanche 27 mai 2012

Cancale

Mna Na H'Éireann (Women Of Ireland) by Kate Bush on Grooveshark



Partir après s'être enlisé,
fuir vers le noroît tant qu'en cale
sont nos réserves d'alizés
– pour peu qu'on ait le temps, Cancale,
nichée telle un baiser perlé
dans une côte d'émeraude –
et la magie des pourparlers
lorsqu'alentours l'être aimé rode.

Sous son rocher le petit port
ferme la baie du Mont-Saint-moi,
de ses marées d’appétit, pores
suintent de sel durant cinq mois ;
on fut fermé comme ses huîtres,
bien trop de ces années lunaires
qui font qu'un jour, sur un grand huit,
nos infinis sont élus nerfs.

Que nous importe le beffroi,
les pleins-pouvoirs sur cette ville ?
Si j'ai pondu l'écrit des froids,
celui d'été sera moins vil :
il décrira par quelques mots
comment, pour éviter qu'on cale,
il faut, lorsqu'on se lit jumeaux,
se garder ce qu'était Cancale.

samedi 26 mai 2012

Toi, le tentacule

En route pour la joie by Noir Désir on Grooveshark


Le peuple s'ennuie-t-il qu'en un confort bourgeois,
il se dupe en croyant bousculer l'établi
des fondements sociaux – triste route pour joie –
et des économies mondialisées d'oubli ?

Les gribouilleurs virtuels se croient-ils les Saint-Just
d'une assemblée factice à l'aune agglutinée
des coups – loi décousue – matraque – et moues injustes,
à l'abri d'un écran – Christ au liquide inné ?

Puisque le cal amarre une plume dopant l'encre
à nos doigts de faiseurs de prière et de messe,
cessons révolutions et chants de guerre et chancres
encadrant la question : « de quelle seiche heure est-ce ? »

Puisons plutôt l'essence au plus profond de nous :
nous sommes les rejets, jetons d'un temps échu,
nous avons notre histoire en Cène à Cotonou,
Dakar ou drakkar, patte à nos grappins déchus.

mardi 8 mai 2012

Republication d'un vieux petit texte prémonitoire "London's rain"

Keep me ( London Rain) by Heather Nova on Grooveshark



L'écran total
L'astre infini
Du penthotal
Pour nos envies
Le glas se cale
Aux pas de vie
L'air est glacial
Picadilly
London est mal
Comme Paris
L'on donne en bal
Belle de nuit
Comme à Pigalle
Ou Carnaby
Près du canal
Comme un grand puits
Larmes ovales
Et confettis
Et ces rafales
Et notre pluie...


Michel P © 2005

vendredi 4 mai 2012

"Les réveilleurs de la nuit" ou "Les veilleurs" (Version intégrale)

Variation sur un vers de Rimbaud retranscrit par Mirbeau, et l'hypothèse de deux textes ne faisant - à mon avis - qu'un et rapportés par Verlaine après leur audition.
L'objectif est ici de retranscrire, conformément à la structure suggérée par Verlaine (52 vers), l'ambiance qu'un seul vers - "L'éternel craquement des sabots dans les cours" - m'a insufflée.




Ils ont teinté la nuit d'un carillon d'éclairs,
Arraisonné l'ennui dans sa barque platine
Et de pâleurs d'aurore ont serti – sabre au clair –
Des chancres à dorure aux glottes palatines.

Dans l'abstruse noirceur ils ont taillé la brèche,
Tranché la gorge aux sœurs des radeaux de Méduse,
Traîné l'âne et le bœuf en dehors de la crèche,
Ils ont crevé dans l’œuf ce qui ronge et nous use.

Ces veilleurs t'ont sortie de ton obscurantisme,
Courtisane Paris, Toi la Ville aux lumières,
Comme du cauchemar d'un honteux despotisme
Où le pouvoir infâme eut cousu tes paupières.

Fallait-il que l'on coupe la tête à ton roi
Pour que renaisse un hydre aux multiples facettes ?
– Ô Commune sordide, oh ! Si sainte est ta Croix,
Que l'on mène à la soupe un bon peuple obsolète ! –

Or, on a ressorti les préfets innommables,
Revanchards assortis d'une haine ampoulée
Pour ce peuple empressé par les jus innombrables
Des raisins du progrès dont les roues sont ourlées.

On a fait de valets des horribles saigneurs,
D'un poème avalé le filet d'un rétiaire,
D'une dit hérésie le maillot d'un baigneur,
De cette anesthésie le ferment d'un bestiaire.

Tour à tour sont sorties les sept plaies de l’Égypte,
Sur la peau sous l'ortie de la belle obélisque,
Impériale Paris, à Saint-Denis tes cryptes
Font des rois dépéris des stigmates à risque.

Au final est venu l'Ange Exterminateur
– minuscule remugle – assénant de sa hargne,
les scarifications dont on sait puanteur,
Et dont les punitions de survivre t'épargnent !

Si les rois n'ont pas chu dans ce jour de tempête,
Si le sang séché su ce que contint l'espoir,
Le jour du Jugement fut la journée de fête
Où le peuple qui ment fut le jus de la Poire.

Et dessus ces pantins amputés de segments,
des soldats enfantins ont dansé menuet :
On défit de leurs peaux et de leurs téguments,
Ces symboles d'esclave ô parchemins muets.

L'intelligence urbaine est entrée dans l'ennui,
La bourgeoisie malsaine a sombré dans l'horreur,
Tâtant de ces pluies réveilleurs de la nuit,
Les vivants éblouis ont perdu leur honneur.

Alors, vous, vendangeurs d'une guerre intestine,
Vous entendrez odeurs et débords et débours,
Les cris du châtiment juste et de la guillotine,
L'éternel craquement des sabots dans les cours.

On viendra vous punir de l'orgueil ineffable,
Ventriloques soupirs de paix trop contenues,
Vos boulets constipés sont des rimes de fables,
Les pavés extirpés de Paris vont aux nues.

Les moulins de Sey




Je crois que tu ne sais assez
– lecteur ! – ô combien la pulpe où
les vieux moulins assis à Sey
ont su puiser en vils époux,
à l'onde dont ils firent Sienne
les frais serments de Marcel Proust,
à ces natures musiciennes
et Goethe un Amour dass du musst !

Le soleil sous le saule y terre
les quelques pleurs de Madeleine
qu'en épanchements solidaires
la Roue mouline en fils de laine,
et les verdeurs aquariophiles
menacent de pousser à bout
les chants de cotons hydrophiles
entre les grues et marabouts.

Le monde a bâti l'estuaire
entre Atlantique et mer Caspienne,
de ce que peu d''Hermès tuèrent
– si tant est que peu s'abstiennent –
un flingue est caché dans la Manche,
peu d'as et peu d'atouts l’inondent,
aux moulins ceux qui l'endimanchent ;
à nos espoirs le fil de l'onde.

mardi 1 mai 2012

La possibilité du Nil


La piqûre océane où s'est forgée male-âme,
injecta son venin dans mes yeux vipérins,
afin qu'entre tes mains puis au creux de tes reins
coule un fleuve où Cézanne eut trempé son calame.

Ton agrume embouchure ornera de motifs
mon écorce velue, ma fichue carapace,
d'ornements dévolus à ton intime impasse,
d'une sainte écorchure à ton culte votif.

Et dans l'onde-vertige où nos sinusoïdes
amortiront l'emprunt de nos érubescences,
nous serons tout empreints d'une autre adolescence.

De morsure un vestige – à fleur de deltoïde –
marquera d'un grand lys ignifuge aux passions,
l'écusson souvent lisse à ces crûes libations.

La Marine de guerre

Lily Marlene by Marlene Dietrich on Grooveshark

Photographie prise par François Trazzi


J'ai peur de la Marin' de guerre
qui souffle ses boulets de suif
ainsi que « Jadis et naguère »,
avec la peur du Christ en Juif.
Ô Verlaine, ô mon crû si fier :
on empale idées à l'autel
de cervidés où crucifères
ont bel y faire à ciguës telles !

J'ai perdu ma marrain' de guerre
comme Brest a perdu Glasgow
– et la putain facho vulgaire
dans un radeau mis à l'ego – ,
de ma plume égaré les pennes
dans l'urne sordide où majeur,
je place à l'index, oh, ma peine,
mon Amour, je suis bon nageur !

J'ai peur de la Marin' de guerre
lorsqu'en volant de l'ange l'aile
droite, on voit là qu'en Heidegger,
de ces vies qu'on fit parallèles,
on a tendu – tel un Tantale –
la corde au son d'un cristal d'Arc,
qu'il n'est place à pire amygdale
qu'on opéra d'odieux Plutarque.

Tandis qu'on amarin' Daguerre
du monstrueux aréopage
qui traîne ses clichés grégaires
de ligueurs remis à la page,
dans ces résurrections étroites
vouées à l'éternel hasard,
défile – immonde – rive droite,
la bête à la garce – hein, Lazare ?