vendredi 24 août 2012

Remembrance

Opening Titles by Wojciech Kilar on Grooveshark



Les torpeurs du mois d'Août sous le saule éternisent
mon sens écrit, tel un hindou
qu'un feu lent galvanise au soleil en redoux :
partout l'écriture est Venise,
dressant ponts d'exquis mots sur les bras séparés
d'amants qui se firent jumeaux ;
C'est tirant sans arrêt qu'un haleur esquimau
s'est ri d'indiens désemparés.

Les bateaux dé-salés sont au port d'échouage,
la marée lassée laisse aller
à vau-l'eau le volage air marin des saoulés :
la fin de l'été les soulage,
les jours se font moins longs quoique aussitôt languides,
les digues perdent leurs moellons,
chaque aussière a son guide et de nos mots hélons
comme des rumeurs seljoukides.

Si le cor en priant cède à piller sagesse,
la corne de brume en brillant
s'écrie : « mais quel age est-ce à ce son m'écriant ? »
C'est celui des grandes largesses !
C'est le siècle hauturier de l'amarre en rupture,
l'élévation d'un roturier
en façon de capture – ô scrupule ordurier ! –
embarqué sur des sépultures...

Et pourtant je les aime ainsi mes souvenirs,
abstraits des esprits de Carême
en luciole à venir, sous les dais d'un harem
auquel nul ne peut subvenir ;
ce sont de courts vaisseaux irriguant nos chemins
– saigneurs sans besoin de vassaux,
châteaux sans parchemin dont on monte à l'assaut –,
ils sont les lignes de ma main.

dimanche 19 août 2012

Karénine




J'ai suçoté des décibels
aspirés à la courte paille,
quand la promise était si belle
– petit chou gras, j'en fis ripaille –
et qu'une parure encorbelle
autant qu'une maison forclose,
aux fondements d'un corps qu'épellent
mes pétales de lettre éclose.

En l'autre siècle où quelque oncle eut
ces crûs mots dont je fus divin
– tel est du moins ce qu'on conclue
d'un court-jus dont je fis du vin –,
je passais outre les frontières
et j'écrivais tel un devin
les courbes de ma vie entière
sous leur caresse à l'écrivain.

Je m'embuais pour des toquades
(givre et chaleur font long ménage),
avant de porter l'estocade
j'étais par trop souvent en nage...
Mais dans l'infinie cavalcade
de mon pâle écheveau de traits,
restaient tapis en embuscade
les points finauds de mes attraits.

Et les versets – sanglots d'automne –
se déversaient en giboulées,
en cataracte, en pluies gloutonnes,
en trois-quatre actes déboulés,
sur d'héroïques palimpsestes
au parchemin peu chamboulé
par l'encre, en n'usant pas l'inceste
de l'ode et des mots, gris boulets.

A ces souvenirs d'outre-tombe
je viens bâtir un mausolée,
afin que dans mes catacombes
je puisse enfin m'en isoler,
comme un abri contre les bombes
et les regards marmoréens,
le charbon des blanches colombes
enflammé sur leur trente-et-un.

De rire Anna Arkadievna
fit tinter les canons du verbe,
le souvenir est un Etna
qui s'éteint sans besoin d'adverbe ;
pourtant sa lave est invasive
comme en bouche une lange acerbe
à la salive corrosive :
Belle étendue sur la lasse herbe.

lundi 6 août 2012

Gnomon nous ?






Crèvera-t-on mes yeux aussi
quand, d'un ressort astronomique
j'aurai de bonds aux cieux dociles
arraisonné l'arithmétique
où s'enracinent les fossiles
de nos mues généalogiques,
tant le cadran saouleur grossit
tel un tango cyclothymique ?

Rêvera-t-on labeur obscur
face à des oraisons solaires ?
Les vrais travaux sont les plus purs
lorsqu'on ne gage aucun salaire
sur ce que demande une épure,
sur ce temps qu'il faut pour l'affaire
et qui m'obsède – Ô Sinécure –
avant de finir en Enfer...

Rouvrira-t-on la porte aux cils
battants dans leur Himmel d'Alsace
comme le clocher rétréci
que contrebalance en Atlas
celui qui dressé l'a rassis
au sein du mécanisme où lasse,
tu comptes les âmes graciles,
Ô toi Cathédrale essuie-glaces ?