lundi 28 janvier 2013

La révolte

Rain by Alva Noto + Ryuichi Sakamoto on Grooveshark



J'ai parié les os de mes doigts
à me couper du tintamarre,
tant il en est à ce qu'on doit
éconduire hors du cauchemar.

J'ai dépendu du rêve en fleur
et de la jeune fille en rut,
quelques tableaux du port d'Honfleur
et Marie-Madeleine en pute !

Sonne le son de la révolte,
Seule mon âme est désinvolte.

J'ai scabré l'eau de nos unions
comme un Champagne un peu pouilleux,
ou qu'à genou – pliure oignon –
tout me fit pisser des deux yeux.

Je n'ai gardé d'adulte airain
qu'un alliage à toute épreuve,
et des contractions de tes reins
l'alliance en guise de preuve...

Sonne le son de la révolte,
Seule mon âme est désinvolte.

J'ai susurré par mon âme-homme,
bien des lourds grils mathématiques,
bien des bouchées de métronome,
qui sont plus fiables qu'apathiques ;

J'en ai conçu pour armateurs,
ce chant-canon sur six leçons,
ses infinis déformateurs
pour des paumés en caleçon...

Sonne le son de la révolte,
Seule mon âme est désinvolte.

lundi 21 janvier 2013

Les voies du Golfe - republication d'un texte de mai 2006

YS by Alan Stivell on Grooveshark






Si j'ai suivi ces voies jusqu'en Larmor-Baden,
Quelque part poursuivi par la voix des sirènes,
Au fond d'un Golfe fou, fanfaron Morbihan,
C'est pour aller au bout de mes rêves d'enfant.

Au bout d'un monde ancien, du monde des vivants,
De vaux préhistoriens qu'une mer avalant,
On ne sait plus que d'îles en nombre incertain,
S'y fleurissent en file ou en groupes de points.

De la belle Berder et de son gué marin,
Vois le monde à l'envers sous ce courant équin,
Quand, par fortes marées, la mer, dénivelée,
Vient de l'autre côté, se vider en évier !

Me ferais-je moine d'une île ainsi nommée ?
M'accompagneras-tu dans ces velléités ?
Ou retournerons-nous dans notre Finistère,
Où le monde est moins fou mais le sel est sévère ?

Car si la ville d'Ys s'est perdue en nos mers,
Il reste Gavrinis et son cairn et ses pierres,
Ses symboles gravés témoignent au présent
Que les voies du Golfe ne vont pas au néant.

lundi 14 janvier 2013

Les blés d'Espoir

Senegal Fast Food (Feat Manu Chao) by Amadou et Marian on Grooveshark



Puisque l'histoire anima liens,
Je suis ton frère, ami malien !
Ainsi que d'autres (stambouliotes)
Chauffent nos cœurs restant bouillottes.
Car c'est toujours un Pont-Euxin
Qui nous unit sous le tocsin,
Qui relie d'Europe en Asie
Cet or qui fit fuir les nazis,
Les corps d'Amérique et d'Afrique
s'épousant nus loin d'un las fric,
Et le grand rêve océanien
qui suit celui qui s'en gagne un !
J'ai de mes fois aborigènes
Gardé la ferveur indigène
En un grand livre humanitaire
Où souvent l'âme emmène en Terre
Bien plus qu'un triste catafalque
Sur les vivants que l'on défalque,
Mais l'Arche d'une Franche Alliance
– Ô Fraternelle Résilience –
Qui sortit de leur coma liens
Des blés d'Espoir franco-maliens.

mercredi 2 janvier 2013

L'écart d'age

Dub Yalil by Natacha Atlas on Grooveshark



Je savais l'écart d'age
entre nos républiques
et nos démocraties,
les rêves de Carthage,
les peurs de nos publics
et la ploutocratie :
je savais les fossés,
les isthmes médullaires
et les cordes tendues,
les masques défaussés,
le lest à l'annulaire,
les passions défendues...

Je m'étais envoyé par Sfax
l'image inouïe d'un sacrifice,
et je trompais la parallaxe
offerte à de maints orifices !
J'avais du songe qu'Hannibal
eut fait de vaines Tunisie,
l'entracte à ce point cannibale
qu'un spectacle en fut l'hérésie.

Alors
       J'ai respiré l'opium du peuple
                                                fondant
comme un
       terrain pourri de sable meuble,
                                               ESPOIR,
de l'or
     ne sont plus que couleurs de dunes
                                                   aidant
commun
         des vies et des morts opportunes
                                                  à croire.

Puis
Soudainement
Enflés par la voix de la rue comme par le Simoun
J'ai vu des cathédrales et des mosquées
des temples hiérosolomytains semblables aux pyramides
dressés par des paroles en moins de trois jours
des royaumes d'autres mondes jetés par-dessus la Méditerranée
pour de sombres reflux
pour de troubles promesses
pour d'incompréhensibles marées
par d'insoupçonnables agitateurs de marionnettes
par l'insondable et infinie bêtise humaine

et nous
pauvres pêcheurs de la religion de l'OMEGA
nous filions en douce les mailles dépecées des poissons de l'hypocrisie
ET
des couleuvres médiatiques
ET
des vipères politiques.

Or, nous nourrissons toutefois en notre sein,
l'orvet gracile et fin de la langue affirmée,
le ver sans pieds du droit dont notre œuvre est dessein,
ET l'encre indélébile où la plume hibernait.

Le cerveau de l'Homme est une planète sans frontière.

Certains s'essaient à des pointillés comme sur les sables du désert.

Moi ?
J'ai serré dans mon poing des secondes
des premières aussi
et sans classification, la certitude des idées fortes
la certitude de la certitude de ceux qui les serrèrent
et l'optimisme absolu des démocraties en devenir.

Je sais qu'il n'est question que d'un
Écart d'age
Et Carthage
ne resurgira dans sa triomphante splendeur
qu'à l'ultime instant d'un round anodin
avec ses européennes sœurs.