vendredi 23 août 2013

Le peuple de l'Eau


Depuis que des cités aux confluents des fleuves,
de maçons excités furent l'ouvrage franc,
nul n'est besoin d'attendre à l'horizon qu'il pleuve,
on voit l'Homme s'étendre en virant son safran.

Si la barre est le prolongement de son bras,
c'est qu'il n'est nulle improvisation dans ses gestes :
il vit au fil de l'Eau sans le moindre embarras,
ni même un trémolo pour ses crues indigestes.

Les ramifications des troncs hydrographiques
dont ses embarcations sont les fétus de paille,
le guident sans détour vers les mers mirifiques,
les océans autour sont ce dont il ripaille.

Et tout son peuple ainsi fait tâche et se répand,
telle huile de Vinci sous la carte d'un monde
où le papier buvard est anti-dérapant :
ce peuple est un bavard de ces mots qui l’inondent.

C'est le peuple de l'Eau dont l'on dit l'Or dès lors,
qui du fleuve au ruisseau puis des mers aux rivières,
a puisé son trésor dans telle onde indolore
qu'on oublie tous ses morts en civière et si fiers.

Il a fait du poisson l'insigne religieux
qui, des murs aux poinçons, aggrava d'un emblème,
les pêcheries où l'on grava le nom de Dieu :
les grains que nous foulons sont des tempêtes blêmes.

Nos rêves sont emplis de trois-mâts et de barques,
de tissus et de plis que regonflent les vents,
dessinant sur la voile un parfait acerbe arc,
dont le trait nous envoie lever l'astre au Levant.

Puis nous le poursuivons vers les grands Occidents ;
tous ces noms qui lui vont - Dieu, Yahvé, Mégalo,
Allah (lui l'Hypérion) - sont à l'éclat des dents
celui de l'Alcyon* pour nous peuple de l'Eau.





* L'alcyon est un oiseau fabuleux qui, d'après une légende grecque, devait sa naissance à la métamorphose d'Alcyone. Il était dédié à la Néréide Thétis1.
Le terme, d'origine grecque2, est formé de αλς / als (« la mer ») et de κύειν / kýein (« être enceinte, concevoir »)3 ou dérive d'une racine indo-européenne signifiant crier, terme que l'on retrouve dans alque4.
On admettait que l'alcyon faisait son nid sur les flots de la mer, et qu'il couvait ses œufs pendant sept jours, nommés « jours alcyoniens », après le solstice d'hiver, période de calme continu que Zeus lui avait accordé, apitoyé devant ses nids sans cesse détruits par le vent et les vagues. Ses plumes étaient considérées comme des ingrédients dans des philtres d'amour, et on prétendait qu'il fallait conserver son cadavre près des vêtements pour épargner à ceux-ci les outrages des vers1.
Cet oiseau a été identifié avec le martin-pêcheur, la mouette, le pétrel, le goéland, le cygne.
(in "Wikipedia")

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