samedi 24 août 2013

Neuf étés

Beautiful days by Venus on Grooveshark


L'été premier fut au poème,
à l'écriture renaissante,
à comment conjuguer "je t'aime"
dans des torpeurs évanescentes.

L'été second fut à la Muse
et ses reflets opalescents,
à la fée verte qui n'amuse
aucun sentiment oppressant.

L'été troisième aux libertines,
offrit ma ration d'être humain
et mes sonnets aux cavatines
dont l'opéra bouffe à deux mains.

Le quatrième été, d'amour
- du moins, c'était à s'y tromper -
c'est ainsi quand on fait d'âme hourd
et d'un jeu dame et mat, rompez !

Le cinquième été fut au Maine,
car aux blessures à soigner,
au Pays Basque où l'on s’amène
aux basques nos airs renfrognés.

L'été sixième eut pour la Loire
et sa corniche en grand danger,
pour la sculpture et pour la gloire,
un goût de passions vendangées.

Puis vint enfin l'été septième
et mon exil, au souvenir
réincarné du dix-septième
an de Rimbaud dont subvenir.

Le huitième été fut tendu
d'Alsace jusqu'au Finistère :
ma belle France est distendue
par mes curieux itinéraires...

J'achève le neuvième été,
conscient du chemin parcouru,
des insondables parités
qui nous conduisent à la rue.

Car ces étés de porcelaine
où j'ai trempé mes caniveaux
de bonne ou de mauvaise haleine,
ne furent pas en faux dévot,

mais sans m'en faire un pied de grue,
ce fut l'été de mes minots,
et quoique on me trouve incongru,
j'en fis mes ordres terminaux.

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