jeudi 19 septembre 2013

Majeur

Angel by Massive Attack on Grooveshark



J'ai touché les plafonds de Buonarroti
Et les odieux porcs que le doigt de l'Homme affleure,
et fait frire à mourir un nuage rôti
comme un bleu déchiré par l'ange luron-fleur.

J'ai tenté les contours des formes essentielles
dans mon empressement né du diable vauvert,
mais je n'ai pataugé pataud, qu'en laissant ciel
aux sordides harpies de mon front découvert.

Je n'ai d'inspiration que des drogues stupides
et n'ai de goût d'auteur qu'un épice insipide ;
je ne suis pas divin, moins encor diabolique.

Si je vomis mes mots dès lors que je dis « j'erre »,
et que je les répands de façon spasmodique,
c'est pour mieux les mâcher comme un papier majeur.

jeudi 5 septembre 2013

Galatée

Shine On You Crazy Diamond (Parts I-V) by Pinq Floid on Grooveshark



Me promenant sur l'aimant songe
et le rivage de mes rêves,
j'aperçus, d'entre les éponges,
issir une coquille en grève.

Je la plaçai sur mon oreille
afin d'ouïr un chant marin,
mais à surprise sans pareille
un fond de temps fit l'amarre – hein ?

C'était la voix d'un passé mû
par un amour étourdissant,
passé du nom toujours ému
de Pygmalion l'évanescent.

Alors, dans cette incandescence
inespérée, je me laissai
navire immolé d'indécence,
au gré voguer au vent mauvais :

« M'entends-tu, toi le grand poète
qui sait des brins de la sculpture ?
m'entends-tu, fort mauvais poète
qui sait qu'ici plus rien ne dure ?

Écoute assis les mots divins
qui transformèrent en déesse
le corps ignoré des devins
que je créai de mes prouesses.

Écoute, toi, mon chant d'amour,
toi qui voudrais t'en délivrer,
écoute ces mots qu'on nomme « houre »
pour l'échafaud dans leur livrée :

J’appréhende ton galbe au doigt
et ta plastique à l'explosif,
ton verbe à la langue de bois
et ton doux mythe à la Sisyphe.

Je m'imagine ta beauté
dans l'élan simple des caresses,
et chasse les impuretés
du baiser d'un biseau qu'on dresse.

Tu es ma peinture au couteau
et ma violence inacceptable,
ma fiancée sur deux tréteaux
que je m'offre en guise de table.

Et s'il fallait qu'à tes sourcils,
on puise l'accent circonflexe,
au puits de ta courbe indocile
où la cuisse anoblit le sexe,

un mystère enterait le cep
où pousse la vigne juteuse
que ton beau sourire intercepte
du trait blanc de tes dents laiteuses.

Ô Galatée, ma sacrifiée,
toi polymorphe sous mes mains,
Muse absolue qui m'a griffé,
j'ai dans la peau ton corps d'airain.

Jamais beauté n'eut en son sein
L'embryon de tant de splendeur,
Ni l'Océane en son bassin
les fruits de ta mer en candeur. »

J'ai reposé le coquillage.
J'ai marché longuement sur l'eau.
N'est pas Jésus qui n'a que l'age
ni Madeleine un travelo.