dimanche 27 juillet 2014

Hauteville-sur-mer

Twist in My Sobriety by Tanita Tikaram on Grooveshark



Hauteville, haut le cœur te garde en haute estime,
bourg qui dégoulina jusqu'à l'infinie plage,
négligeant la rancœur de tes pins maritimes,
ta cité saline a le goût du camouflage.

Appuyé sur ta digue où se brise l'élan
liquide et perforant de tes marées extrêmes,
je suis comme Zadig, Hauteville, en bêlant
des mots loin de ton rang d'Astarté qu'un autre aime.

De ces hautes lignées que parfois l'on épouse,
j'ai mis la bague au doigt défait d'une sirène ;
je ne puis ainsi nier revenir de la bouse.

Je marie comme il doit Mélusine aussi reine,
en sachant que jamais je ne partagerai
la ville que j'aimais tel un Seigneur de Rais.

dimanche 6 juillet 2014

Au front hier

Sleeping With Ghosts by Placebo on Grooveshark



Je m'en allais flânant le long des quais de l'Ill,
la Bruche de Noël imitait ceux de Nantes ;
Je m'aperçus soudain que Strasbourg était l'île
où l'on s'oublie sous main de justice immanente.

J'absorbais les chaleurs et les pâleurs d'orage,
l'étrange désespoir qui conduit à la paix,
je mordis dans ta terre, Alsace où j'hémorrage
afin de tendre un bol à faribole happée.

Je naviguais sans cesse entre étranges tramways,
entre ponts enjambés et contreforts boiteux ;
la cathédrale orange au couchant me dit « Mouais ?... »
(Mais en Petite France, un diable les boit, eux!)

Ainsi, le long d'un Hexagone écartelé
qui m'emmena d'un loin Finistère à Marseille,
vers le cœur de Paris aux rumbas martelées,
je sollicite quelque européen conseil :

sommes-nous les avortements de nos voyages ?
Les faux résidus de nos wagons-couchettes ?
Je ne sais de Jeunesse – Ô toi qui dépouille ages –
aucune tolérance au cintre et aux fourchettes.

Je sais la prématurité des échassiers
et l’empilement des poupées gigognes,
les printemps annoncés sous des plafonds d'acier
et la migration lente où planent les cigognes.

Or, je m'en vais, planant le long des quais de l'Ill,
mes poches sont trouées et les cloches sont humaines.
Vill'dieu m'a mis à poil, et l'autoroute habile
ignore encore où le châssis migrant me mène.

Je suis traversé d'artères, en fait morales,
comme un pays tout écorché dans un labo',
je me sens envahi par cette flemme orale
où le silence dit plus fort de lui le Beau.