samedi 30 août 2014

Peter Pan

L'Absente by Yann Tiersen on Grooveshark


Lorsque je me pose ainsi
devant le rectangle imaginaire
d'une feuille qui n'a pas pied
j'essaie de rêver de visions enfantines
où l'adulte hypocrisie n'a papier
que de pointillés et de lignes à franchir
et de marges au bord de la crise de nerfs
qui viennent affranchir
les dents des timbres dont l'émail et la dentine
absorbent les traits de la Joconde de Vinci.
Rien ne doit plus ressembler à cet environnement mesquin :
le ciel gris se doit d'être bleu
et le ciel bleu de pouvoir s'effondrer
des dragons chassent des dragonnes aux bras des militaires
lorsque le ciel est couleur d'opium
et que fumante
ma gitane maïs
mon ananas, mon Anaïs
explore un peu les rues de Guerlesquin
aux frontières de mon Finistère
si loin de l'Orient dont les consortiums
conçoivent des amantes
religieuses
rencontrées
par des saints sans soutien – Georges -
dont les destriers aux chemins sableux
marquent le pas de façon contagieuse
attirés par des pains de sucre d'orge.
Si mon pays de Cocagne est une Utopie
c'est qu'à Troie, en quatorze-cent-seize
je découvris les suites de Fibonacci
qui mènent au Nombre d'Or
c'était avec l'ancêtre d'Heinrich Schliemann
- un autre rêveur pour lequel les esprits très étroits foncent
aise -
en rêvant, bon nombre dort -
mais Schliemann rêvait les yeux ouverts
comme j'ai souvent rêvé de vos yeux verts
depuis les miens couleur de ronces
ou de ceux si noirs d'une Anaïs tant ottomane.
Ainsi vont mes Anathèmes et mes Anatolies
mes sites isolés où les guerres n'ont jamais lieu
mes muses manchotes dont la Milo n'est pas la plus jolie
mes absurdités qui font de mon point cardinal un Richelieu
et ma propension certaine à l'incongru
qui laisse la douleur à la porte de la raison
comme une migraine qu'un congre eut
pour une murène en panne d'oraison.

Quitter le plancher des vaches
qui rient
de leurs vacheries
et extirper d'un geste un peu bravache
la moelle de l'existence
de l'os inhérent à chaque épreuve.
Voler au plafond des crânes
les toiles de maîtres
dont l'étoile d'art est née
dont les doigts, le dard aîné
manipulent les pinceaux à mettre
entre les pinces crocodiles pleurant les filigranes
des courts-circuits aux résistances
éprouvés par le manque de preuves.
Plonger au plus profond
des eaux fermées par les belles toilettes
et par les beaux miroirs dont le tain se fond
aux abysses ultramarines où gisent les fines goélettes.

Donnez moi votre attention l'espace d'un rectangle blanc
qu'il soit de papier ou de pixels
l'encre n'y fait pas semblant
mais y mêle la poudre au sel
et vos enfances à vos néants
vos multitudes
vos solitudes
vos mises en scène haïes
vos déserts du Sinaï
et vos pays de Canaan
l'encre y coule comme le Fleuve Jourdain
et comme le Bourgeois de Jean-Baptiste Poquelin
la prose y coule à grand recours de vers
que vous garderez par devers.
Souvent je songe à Dewaere
à son suicide inexplicable
à cet affreux papier de verre
qui gratte aux coins de ce qui nous accable
et contre lequel il faut créer des ponts fictifs
et parfois des souliers de vair
et toujours des gréements affectifs
de Calais à Dover.
Je possède entre mes mains
le vœu d'une flottille en glaise
je m'efforce à la pétrir au mieux
afin de vous mener en bateau
au gré des mots qui peu ou prou vous plaisent
quoique le gré mentisse auparavant
quoique le gréement tisse aussi nos lendemains
quoique l'on laisse à part au vent
ce sont autant de tous ces ex-voto
que l'on retrouve agrippés à nos pieux
dans les longues nuits qui nous évadent du réel
lorsqu'ils s'en vont voguer tout près de l'arc-en-ciel
à des années-lumière du jour
dans l'espace-temps que je digère
aux battements du cœur-tambour
qui dans ma plume protubère.

mardi 26 août 2014

Larron dit

Cargo culte by Serge Gainsbourg on Grooveshark



Les nuages roses ont embarbapapé
le suc indélicat de mes fleurs carnassières,
et je me suis senti tel un barbare happé
par l'eau de la civilisation vacancière.

Flottant dans le couchant d'un tiède soir d'été,
mon esprit divaguait sur une Montgolfière
gonflée comme l'art - sein que je voulais téter -
volant à tire-d'aile où l'étalage est fier.

Car, escrocs débouchés, nous écoutons, poètes,
le tintement des cloches des couleurs des cieux
et du trésor du char solaire en son essieu.

Alors, Seigneur, je me demande qui vous êtes,
car je ne suis chrétien qu'en fonction de mes plaies ;
sans nom, ne prenez pas la peine de m'ép'ler.

dimanche 24 août 2014

Carnaval

Seamus by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark


S'il faut changer, comment renaître ?
S'il faut des vides au néant
passer des chaînes à un être
et des essences au néon,
comment tailler d'un bois de hêtre
une entaille en un corps béant,
pour soudain enfin apparaître
avec un cœur accordéon ?

De mes hivers accumulés
en blancs moutons accro' d'un lourd
passé qui m'est au cul mulet,
je garde en un gant de velours
les doigts d'acier sur mes artères
et les faux angles incarnés
par les tranchées qui font d'art taire
un peu des trous d'où regard naît.

Car nos visages sont des masques
incrémentés par nos pensées,
des champignons ayant même asque
à revendiquer insensés,
au ciel pluvieux, mélancolique,
où nous puisons notre encre émue
par les misères alcooliques
d'un cocu boulanger : Raimu.

Ressac

A Pillow of Winds by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark



J'aime bien le son du ressac
sur d'acérés rocs en rescousse
aux dunes suant sec au sac
quand l'onde les pille en secousses.
J'aime - remontant des abysses -
la profonde respiration
de l'enfumeur de cannabis
qu'est l'Océan. Fascination.

J'erre au long cours des promenades,
sous l'ardeur d'un soleil marin,
sur un estran de limonade
ourlé de thym, de romarin.

Et je rebondis sur des mots
comme sur des galets de jade,
qui peuplent ma plage d'émaux,
de lys, de soufre et d'orangeades.

Le suc des sèves onctueuses
- pins parasols, tamariniers,
cyprès, et l'if aux baies tueuses -
met Baudelaire en marinier
(et beaux délais en marinière,
ô l'écrivain plein de manières !)

La jeune femme aux jolis seins,
mûrs sont ses fruits : concupiscence !
À chaque abeille habile essaim,
la couleur miel peint l'indécence.


Ainsi vont les flots de la Manche
et leurs fins sables irisés,
les maillots de bain du dimanche
et de l'écume les risées.

J'erre au grand cœur de ma saison :
l'été brûlant des phylactères
œuvrant avec ma déraison
sur le métier des caractères.

Dune

San Tropez by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark



Je l'ai cherchée sans fin ma planète de sable,
dont j'ai senti la faim mais dont j'avais la soif,
dont l'envie que je nie m'est indéfinissable,
dont mon pauvre génie m'est encore en carafe.

Puis je me suis penché sur le balcon d'azur
où ma langue épanchée but les mots sur-marins,
pour laisser ma main droite à la si lisse usure
qu'en une plage étroite on me brisa les reins.

Lors, ver nu, vers boiteux, j'ai rampé dans la rime,
dans l'art calamiteux du désert littéraire,
puis dans l'anonymat du désert éponyme
on mit un cinéma sur mon itinéraire...

Ici, je suis l'ami des chats fous des rochers,
mes phrases sont la mie des pains de glace ignée
sur laquelle j'alunis, ayant décroché :
oublié sur ma Dune je me sens moins niais.

samedi 23 août 2014

Didon

New Year’s Day by U2 on Grooveshark



"...This is the golden age,
And gold is the reason
For the wars we wage..."
Bono Vox


Les régimes et les murailles,
quoique serpentines murènes
dans leurs agressifs de corail,
s'effondrent comme les arènes
des vains empires tyranniques
qui les conduisent aux extrêmes,
des vaccins antitétaniques
aux parasites monotrèmes.

Alors, Beauté, vous vous levâtes
tel un soleil énucléé,
et me nouant comme cravate
la corde au clou dont la clé est,
J'ouvris les yeux sur les accords
des partitions de territoire,
et sur le galbe de ce corps
dont un pays m'est l'écritoire.

Je sais entre nous l'écart d'age,
réincarnation trop unique
en fait, d'Elyssa de Carthage
et d'autres princesses puniques ;
je sais le vert des émeraudes,
des couleurs de la Tunisie,
et d'ors qui comme j'aime rodent
en Didon dont j'ai l'hérésie.

Qu'elle y pige

Heart of Gold by Neil Young on Grooveshark


Le pinceau de mon doigt dessinait curviligne
un trait gras que l'on doit arpenter à plus faim,
tel un corps affublé d'une fièvre maligne
aurait sur toi tremblé d'un orgasme plus feint.

Si la belle ode à l'X est un accord majeur,
j'aurai de Wikileaks une pornographie
digne au moins d'un maillot sur un Bébé nageur
et du sang les caillots que menstrues pétrifient.

Mais le rouleau des mains qui passait sur ton dos,
de jours nuits à demain dans notre confusion,
dégorgeait ses désirs dans ma plume infusion.

Je grillais sur tes fesses comme un tournedos
en n'ayant de fèces aucun étron mineur ;
je n'avais qu'à saisir les plis de ta minceur.

mardi 12 août 2014

Cybérien

Parasite by Nick Drake on Grooveshark



Depuis Moscou, je vogue entre mes mots si terriens
que nul n'a pu me suivre en terreau cybérien,
que nulle âme astrologue au loin Vladivostok,
ne sut changer en vouivre une langue d'estoc.

Et pourtant, à l'affut des canons de beauté,
j'ai prisé le parfum des amours rabotées
par les contrats diffus de nos condescendances,
et par le sel sans fin guidant nos descendances.

Pourquoi j'écris, quoi donc ? Brave héritier du vide
issu du commerce mou des fables d'Ovide,
je brode l'édredon des vieux wagons de nuit.

Les vers s'y déversent flous comme des ennuis,
et ne reste alors plus qu'à nos trains cybériens,
ce qui de moi te plut mais qui ne sert à rien.

lundi 11 août 2014

Jéricho

Horn by Nick Drake on Grooveshark



Tandis qu'exsudent des ports des cités marines
les fantômes des trois-mâts passeurs du Cap Horn,
les moulins d'eau douce engrangent une farine
empoussiérant ces trophées qu'un handicap orne.

Et dans les immenses bouches bées des canons,
je lis le temps trépassé de notre beauté,
lorsque nous étions amants dans les cabanons
s'ouvrant aussi prestement que ton débotté.

Je ne sais - Camille, Adèle - ô combien tu m'eus,
ô combien tes avatars m'eurent envahi,
ni comment non plus m'auraient tes murs ébahi.

Car, des fortifications Vauban de ma mue,
qui s'effondrèrent d'un coup devant Jéricho,
je n'ai de ta voix qu'une ouïe qui digère écho.

Siam

Place to Be by Nick Drake on Grooveshark



C'est entre deux tramways que j'ai dégueulé Siam,
comme entre deux Amours, entre-deux-guerres,
comme en un sandwich où notre ogre eut fait "Miam !"
de ce sombre abysse entre "Jadis et naguère".

J'ai joué la note ultime aux touches de ton corps,
pianotant sur les creux de tes côtes altières
et sur l'alliance unie de tes seins en accord
dans cet étranglement dont je fus final tiers.

Mon ombre a décédé sur l'élan des corbeaux ;
pende la corde au gré de chacun des corps beaux
qui m'emportent aux cieux d'un trait supersonique.

Et sur Siam emminée d'un nanti personnel,
je m'offre les méandres d'infinis tunnels
qui me guident enfin à ma personne unique.

Dichotomie

Things Behind the Sun by Nick Drake on Grooveshark



Si mon unicité n'est pas vue de l'esprit,
c'est que d'unies cités j'ai déduit théorèmes
entrouvrant le grand champ d'angles que Thalès prit,
puis que j'allais prêchant, géomètre en poème.

Car en chacun de nous vient l'endroit dichotome,
d'un écart de genou, de deux doigts de la main,
séparant de soi-même où l'on croyait l'atome,
cette part du "je m'aime" et celle du malin.

C'est cette divergence excentrique et croissante,
qu'il faut en notre engeance amortir et réduire,
d'une suite harmonique un axiome en déduire.

Dans l'ordre hégémonique où les ondes puissantes
ont classé, déclassé les autres et mon nombre,
je sais que s'est tassée ma mue, temps de pénombre.