lundi 27 octobre 2014

Kaleidoscope

Shine On You Crazy Diamond (Parts 1-5) by Juli4ns Pink Floyd on Grooveshark



À Pascale,

Je vécus ta Jeunesse, emballé par ton pouls,
par l'élan de promesse où nos mots s'emmêlaient,
où nos corps virginaux que nos deux sangs mêlaient,
se prirent au panneau d'improbables époux.

Toutefois m'est l'image en multiples tessons
de ce passé, dommage, on l'eut dit de cristal,
qui naquit dans le sable avant que ne s'installe
une optique infaisable, or nous rapetissons.

J'ai deux nuits d'Occident pour mémoire éraflée,
j'ai des nuées d'accidents, ricochets d'une entaille
dans les blancs cerisiers des printemps en bataille,
en plein cœur du brasier qui nous prit pour reflet.

Ainsi va de deux Astres qui se télescopent,
ainsi vont les désastres comme des suicides
où l'amour sacrifié n'est plus que Pomme acide
et Tableau scarifié d'un Kaléidoscope.

mardi 21 octobre 2014

Bleu-fontaine


On s'en peignait les yeux, des fenêtres les paupières,
nous les logis des cieux humides et celtiques,
on s'en baisait volets sous les pluies de Saint Pierre
avec un ton marine aux thons apoplectiques.

On s'en peignait les cheveux d'ange et le goémon,
on s'en payait bien peu, rien que le fond des pots
dont on bleutait la ventre à nos Lautréamont,
à nos bateaux saoulés par le sel en dépôt.

De ce lavis, la vie qui protégeait les coques,
était aussi le fard à phare et à bicoques,
et ressemblait au bleu des vierges aux fontaines.

J'ai vécu dans un corps de ferme en Cap Sizun,
lors d'une incarnation précédente, incertaine,
et j'en garde le souvenir d'un bleu raisin.

Songe d'une nuit d'automne


« Je vivrais des hivers sans espoir d'agonir »
me chantait immortelle une fée nostalgique,
rien n'est à regretter s'il n'est rien à venir,
mes esprits ont besoin d'un bon vieil antalgique !

« Mais si tu m'aimais, poète, en me donnant la vie
de tes vers embaumés, tu ferais dégriffage ! »
Si je réveille mes fantômes à l'envi,
ce n'est pas pour qu'ils couchent dans mon sarcophage.

« Petit-fils de Villon, j'ai besoin de ton corps
de texte, afin de jouir d'une existence incluse
en celui d'une Gorgone et d'une Méduse. »

Je te laisse ce Graal en guise d'un accord,
et le vin qu'il contient : de Guise il fit trancher
le cou, haineux coulant de l'encre des tranchées.

Diérèse, diurèse


J'ai pondu des euphémismes tonitruant
dans l'espoir de t'amadouer sans l'être moi-même
- en effet : d'amant doué n'étais-je que truand -
les rançons sont faussées si tu dis que tu m'aimes...

J'ai porté le chapeau des affaires de cœur,
supporté l'ineptie de celle où sombre Eros,
j'en garde à mon visage un sourire moqueur,
aux lèvres de ton sexe un appétit féroce.

Nous frottons le génie de la lampe éclectique
depuis les décennies flétries des dix-sept ans
fossilisés par la vieillesse qui s'étend.

Nous arborons le badge honni de nos viatiques
à l'existence en survivance, en haut du front,
comme le troisième œil dont l'airain fut néphron.

Enfantillage

− Caitlin Triall by Alan Stivell on Grooveshark



Comment s'est-on perdu en croyant perdre l'autre ?
Comment s'est-on soi-même illusionné d'un dû
qui n'est pas vraiment nôtre et nous mène en bohème ?
Puis quelle âme éperdue pour laquelle on se vautre,
amputée du « je m'aime » et des sursis indus,
fit que « Je » fut un autre et la vie son poème ?

On parcourut l'inverse allant à l'aiguillage,
en se les écorchant, nos « Je-Nous » de traverse,
abus de babillage aussi prêchi-prêchant,
mais tissant notre herse en un ténu maillage.
Dupont le vit touchant, Durant une autre averse :
le Graal - Enfantillage – est notre être attachant.

samedi 18 octobre 2014

Paris Indien (republication d'un texte d'octobre 2005)

Radiohead - Creep (Version Animada) from Steven Ortiz on Vimeo.


Le joli mois d'Octobre quand il fait beau,
Quand il fait chaud,
Quand dans la rousseur des arbres parisiens,
Le soleil tâche d'or d'été indien
Les couleurs passantes de nos peaux.
D'inappropriées tenues ressortent
Avec les filles du quartier latin,
Et de leur décolletés sortent
Des canicules déjà loin...
Sur l'île Saint Louis, sur celle de la Cité,
L'accordéon aussi survit à son été.
Je regarde avec envie les amoureux,
Par la chaleur unis dans leurs bateaux de feu ;
Les squares baptismaux leurs sont dévolus,
Et les amours font mouche à chaque coin de rue !
Elle est belle la fontaine Saint Michel !
Tu trouves pas ?
Je voudrais que tu l'appelles
La fontaine Saint Moi !
En souvenir de tout ça,
En souvenir de nos Sahel,
De nos déserts qui n'ont entendu d'appel
Que les échos lointains qui m'éloignent de Toi...
Mais quelle tristesse résiste à ces jours ?
Lorsque le ciel clément nous remplit d'alentours,
De bruits de voitures, de bousculades heureuses,
Qui peuplent mes mots de vitalité rieuse.
Elle est la ville-lumière naturelle,
Quand Notre-Dame rougeoyante au couchant,
Renvoie à nos yeux dans sa teinte pastel
Celui qui dans la Seine la noie doucement.
Paris, d'une couleur Orangina-grenadine,
Dans les bistrots, ça s'appelle bien un indien !
Paris-cigale, avant l'hiver se dandine,
Moi, je l'appelle Paris-Indien !
Le pont des arts est surpeuplé...
Et j'en grille une et je m'assieds.
Une jolie fille est concentrée,
Car elle dessine et s'y croirait.
Il y a ses rêves dans ses traits
De tant de beauté reflétée,
Laissons l'artiste imaginée
Baigner dans l'onde de clarté.
Pas un nuage sur Paris,
Les vers de Vladimir Maïakovski,
Et peu à peu s'étend la nuit,
Et peu à peu je me revis,
Et pas à pas ma poésie,
Avance comme dans Paris,
Avance comme dans ce train,
Puisqu'en Bretagne je reviens,
Laissant les quais, les bouquinistes,
Laissant le Louvre et les artistes,
Laissant la fontaine et mon Saint,
Laissant aussi Paris-Indien.

samedi 4 octobre 2014

As trop logique



On My Shoulders by The Dø on Grooveshark


Elle était écrite comme un roman-photo,
comme un hypocrite écho mis sur sa beauté,
tandis qu'aucune tare ayant fait défaut tôt
ne vint souiller l'hectare à la cour qu'elle m'ôtait.

C'était un océan dans un jardin anglais,
une sphère au séant qui l'embroche et l'égorge,
une planète entière où j'étais déréglé
de cet écart en tiers dont mes phrases regorgent.

Elle était sculptée dans le marbre de mes mots
- ma Galatée m'aidant pour mordre mieux la mort
du taureau de la vie que mate un matamore.

Elle était à l'envi l'été des gémeaux
qu'on défonce au bélier à défaut de poison,
que je ne peux délier de ce fuyant poisson.