dimanche 15 février 2015

Littoral littéral

josephine by Chris Rea on Grooveshark



Passer le temps possible au bord du littoral,
au carreau de ses jours, au balcon de sa vie,
comme un dernier moment qu'on dévore à l'envi,
avant que l'agonie n'extraie ce dernier râle.

Car, qui que nous soyons, nous sommes en sursis,
c'est le refrain que chante la mer à mes ouïes
de poisson-lune éteint dont le trésor enfoui
n'est plus rien qu'habit sale à mon cœur endurci.

Palper cette seconde à la volée vraiment,
ramasser de la vague une écume d'idées,
dans les flots que sait-on de ce faux qui vrai ment ?

Que sait-on des grands creux dont on est hybridé ?
Des lacunes, des lagunes et des baïnes
sifflant en se vidant, dont les dents sont ma ligne ?

samedi 14 février 2015

S'en va lent un mirage

Oh J'Cours Tout Seul by William Sheller on Grooveshark


S'en va lent un espoir de vivre un jour à deux
le cours de notre temps bien trop tôt écoulé,
quand de nos armadas tout est coulé,
que seul un bateau livre un périple hasardeux.

S'en va lent un peu de soi, au fil de l'épée
qui tranche dans l'Amour autant que dans le lard,
dans le mors ou le vif, ou bien dans l'Art pour l'Art,
dans un cor de sirène et de sa mélopée.

S'en va lent un long train comme un transcybérien,
par le nœud ferroviaire et gordien d'Alexandre :
transe anatolienne et trans-Perse entre les cendres
des passions calcinées – quasiment mort-né pour rien...

S'en va lent un long psaume où rien n'est pré-dicté
ni véritablement fondé sur du solide ;
en collusion souvent nous sommes des bolides,
et Valentin n'est qu'un martyr décapité.


mercredi 11 février 2015

Le sourire

Wuthering Heights by Kate Bush on Grooveshark



Si, comme je le crois depuis toujours,
la Beauté réside dans un sourire,
il ne faut au Soleil que l'abat-jour
de vos cils peignant son Art de courir.

Il ne faut au firmament de vos yeux
que l'étoile admettre afin de planer,
et les volutes d'orbes merveilleux
sur vos joues et pommettes à glaner.

Il faut sous le sourcil passer l'index,
et glisser comme un ski le long du nez,
vers l'arc de Cupidon sous son apex,
par le philtrum et sa gouttière innée.

Je laisse alors filer cette guêpière
et cette bouche intense me nourrir
des croissants inverses de vos paupières
à la courbe insensée de ton sourire.

samedi 7 février 2015

Croître

Cosma Shiva by Nina Hagen on Grooveshark


Je crois donc j'essuie les faux-plâtres
et les cartons, décors factices
où s'oublient mes Cléopâtre ;
je crois en une seule actrice
– c'est mon cher versant féminin –
ne sachant à quel sein me vouer,
si ce n'est celui dans nos mains :
l'As à sein qui voulut avouer.

Et je me pique au jeu d'Amour
comme au rouet des bois dormants,
Tandis que ma larve d'anoure
accorde en triton sale amant,
que Nina m'addicte en français
le sang virginal du punk-rock
dont je n'ai jamais eu assez
malgré mes injonctions baroques.

Je crois odieux aux mécréants,
qui croient bien mieux que les curailles
au Dieu qui fit d'eux mes créant
sur cette Terre qui déraille ;
Je crois en l'humeur végétale
et dans l'humus où l'humain vit
l'écho de son Neanderthal
et la plupart de ses envies.

Mon cerveau s'est construit de pièces
en ce château de Franz Kafka,
je suis son locataire, oh yes !
Je crois au tuteur de mon cas,
j'y crois comme à mon déplaisir :
l'arrogance est une Energie
et dans cette aile du désir,
l'art de Ganz est une Anarchie.