dimanche 31 mai 2015

L'amère Patrie





Quoi qu'on en ait bâti, des monuments aux morts,
il reste un goût amer à sucer les drapeaux ;
sans être Bob Denard – qui putscha les Comores –
je ne suis pas en chasse aux vertus par appeau.

Je ne suis plus non plus « aux anciens parapets »
dont Rimbaud su m'ourler la frontière à franchir,
comme un « trou du cul » dont le sonnet pare un pet
tandis que l'on s'esclaffe à ne pas s'affranchir.

Pour vivre ici ma mère, il faut ma têt(e) d'Eluard ;
je suis si près de Toi qui ressemble à la Mer,
qu'il me faudrait aussi vivre de l'art pour l'Art.

Mais ici, la patrie s'estompe aux voies mammaires
inspirant Delacroix, de morpion les parties,
et le rond féminin souvent mal réparti.

mercredi 27 mai 2015

Aigue-marine


Mozart_Concert No.23 K.488 Prelude II Adagio from blueskiescarli on Vimeo.







à ma très chère Pascale,



Pareil à l'animal, je tends à l'air du temps
l'oreille et le museau pour capter ce qui se dit
chez les poètes mes amis impénitents
qui ne sont pas morts mais me parlent par non-dits.

Toi, tu connais mes sources et mes différences,
mes ruisseaux de montagne et mes vers cascadant,
et mes aspérités qui rentrent dans la danse
afin de me conduire au fleuve itinérant,

Toi, La muse première à mon verbe maudit,
inspire encore un peu de cette essence aux toiles
d'art aîné qu'à tisser d'un feu que psalmodient
tous mes chants en friche, on pourrait traiter d'étoile.

Longtemps j'ai tant guetté le temps des retrouvailles
que l'on ne pouvait même d'un faux-pas s'y fier,
mais aujourd'hui je sais qu'il faut vaille que vaille,
reconquérir nos archipels à pacifier.

Ces archi-chapelets de nos religions muent
– Ah ! Si tant est que Liv était ma muse Ullmann –
et t'attendant j'ai pris (Paris au PMU)
le train Transcybérien dans un wagon Pullman.

J'y prie – très mal – Mon Dieu, Maïakovski, soviet',
de conquérir le cœur dont ma raison s'empierre,
tandis qu'à juste souvenir je suis mauviette,
incapable d'ouvrir la moindre des paupières...

J'ai bien pour seul regard l'illusion de ma rime,
alors que l'Amour vain réclame contentieux.
de loin l'île hologramme, elle l'aigue-marine,
incruste un reflet sur l'eau des cieux dans tes yeux.

lundi 25 mai 2015

Lundi-Geste


Pink Floyd - Time from Rimbowarrior on Vimeo.



Tu m'as laissé vasque à mourir incinéré,
dans ma liquéfaction et dans ton cendrier,
c'est cet éclopé flasque enfin qui maniéré,
sema fort feux les eaux comme à Saint-Mandrier.

De ses intestins frêles
dégueuleraient les vers,
les vérités qu'on frôle
d'écriture omnivore ?
Ben mon colon, la grêle
je sais qu'en général,
fait de mots des airelles
accueillies dans un Graal.

De ce qu'on dit gestion parfois l'on peut vomir :
de maintes suggestions j'ai bu l'huile essentielle ;
la splendeur d'une Amour déçue parfois vaut mire
aux canons de l'humour face à l'existentiel.

Lorsque le rachis tique
et que l'heure H.S. toque,
que les syphilitiques
étant frappés d'estoc,
ouvrent sur les artères
des voies congénitales,
peut-être est-on sur Terre,
est-on Neanderthal...

Quoi qu'il en soit l'humain gagne à chercher ses restes,
et regagne en nageant ses îles et ses ailes
– osselets de ses mains en chaires indigestes
et prêche ignifugeant son vol en ce qu'il gèle.

vendredi 15 mai 2015

Crise éléphantine




J'ai des rappeurs l'heure enfantine
et l'air de rien la dépression,
mes deux dents chryséléphantines
et mes dehors sans permission,
j'ai des mots durs et des yeux doux
pour mes amours de sel aux femmes,
et des statues que j'amadoue
par des divinités profanes.

Puis aussitôt le cœur s'enflamme
au son de mes vers crépitant,
car l'âme dépérissant flâne
au détour d'écarts palpitants,
au fur et à mesure à quatre,
aux temps du blues américain,
des toms et de la caisse à battre
et de la corde raide aucun.

Hériterai-je des bluesmen
les turpitudes créatrices ?
La virginité d'un hymen
à déchirer pour cicatrice
au sein de ma fêlure intime,
et puisque ma guitare a frets,
entre quelques accords ultimes
imaginons ce qu'elle affrète :

Un peu des tons d'un bébé-roi
pris dans la nasse adamantine
où s'est sertie comme courroie
la guitare à la brillantine ;
et dans les sons que je soudoie,
je fais ma crise éléphantine,
entre l'or et l'ivoire on doit
y voir la chryséléphantine.

dimanche 10 mai 2015

Anabasis




Si je te suis l'amant d'un futur antérieur,
pavanant mon ocelle à tes yeux ébahis,
déployant tout le sel de ma mère intérieure,
il n'est rien qu'un chorion que je n'aie point haï.

Et dans l'onde aérienne où tes traits se déploient
Je ne retiens qu'un cil en abat-jour du feu
dont les flammes consument l'Amour qui s'emploie
pour en contrecarrer les relents tartuffeux.

Nous sommes un mensonge affublé d'un squelette
claudiquant et claquant des articulations,
nous sommes les mendiants d'un carreau d'arbalète
ayant percé le cœur d'un pic en émotions.

Agonisant, nous grattons les parois de pierre
afin d'instrumenter la bave d'escargot
qui nous permet d'entrer enfin dans la lumière
aveuglante, offerte aux amers des grands cargos.

Nous naviguons en sorte à l'abri de nous-mêmes,
en espérant la porte et les clefs associées,
en espérant la cohorte des spectres indemnes
où nous pourrions puiser un peu d'air moins vicié.

Mais qu'un autre oxygène en mon point-virgule eut
– gynécée ne saurait me mentir à ce point –
ou dans la suspension de ce qui n'est pas lu,
J'écrirai l'art d'aimer en battant de mes poings.