samedi 29 août 2015

Pulp frictions






À Quentin Tarantino,


Et l'on se cogne et l'on s'en fout
plein la peau mâte et les pommettes,
et les sourcils sans garde-fou
sinon des pleurs que l'on permette
à se pencher comme à Corfou,
du parapet vers les lunettes
aux vers fumés des rendez-vous
posés par des lapins poètes.

Et que ça saute ! En bons chasseurs
ou en mauvais payeurs de mine,
ce qui m'importe à l'effaceur
– l'indélébile de ma mine –
c'est l'écriture et son passeur,
et les cercueils que je démine
en ouvrant à des bals traceurs
java macabre as what you mean !

Et l'on cultive dans l'instable
la passion dont on s'exonère,
puisque l'on joue cartes sur table
et plus encore sur nos nerfs,
moi l'écolier du non-potable
ai rempli quelques containers
comme on remplit son vieux cartable
avec un fiel-fuel ordinaire.
 

lundi 17 août 2015

Pendant l'orage




C'est zébré de mon ciel électrisé d'idées
que je livre à relire un morceau de mes chants,
lancés dans les dix vents comme on lance dix dés,
balancés savamment vers les êtres méchants ;
c'est perclus d'un orage évidemment vidé
de sa perte des eaux sur les plains et les champs,
que je siffle à l'instar de cousins cervidés
le brame un peu stocké de vaisseaux alléchants.

Dans l'immense beauté des grandes déchirures
incisant le tissu de par les feux du ciel,
je repense impassible à ces belles parures,
aux femmes qui ne me sont pas providentielles.

J'ai détrompé mon encre aux nuées de Gomorrhe
puisque le coup de foudre est toujours réciproque,
et que l'amour ressemble à ce point à la mort
lorsque la curée vient nue et nous défroque,
lorsque la fin de l'âme est un serpent qui mord
la déveine attendue par le sang que l'on troque,
et que finalement des infinis remords
de l'orage n'est plus que la vie que l'on croque.

jeudi 13 août 2015

Après l'orage




Sur les pavés mouillés ou sur le sable humide,
réside la luisance inconnue sauf à Brest,
sauf aussi dans les yeux de ces beautés numides
dont Jugurtha peuplait ses amours plutôt prestes ;
le soleil revenu, d'abattues pyramides
ruissellent de leur or, bombardées comme à Dresde,
et l'orage oublié comme les sulfamides,
dope un peu plus crûment l'air nouveau qu'il nous reste.

Il n'y a plus d'oiseaux que la grêle a chassés ;
il n'y a qu'un silence assourdissant du vide
où mon cœur à son tour se retrouve enchâssé,
l'absolue vacuité des grands gouffres avides.

Il règne un sentiment d'âpre déréliction
sur les pas de mon écriture inassouvie,
mais son rythme régule à grands coups de diction,
cette errance à laquelle on est tous asservi
après que la foudre eut frappé – fut prédiction –
nous laissant bien souvent sans ressort et sans vie,
mais avec le beau luxe où choisir l'addiction
qui nous permet pourtant de garder nos envies.

Avant l'orage




Tu me disais déjà qu'il ne faut pas s'y fier,
que l'orage évacue des vertes et pas mûres
aux grands balancements d'une faux pacifiée
par la courbe sereine où n'est plus qu'un murmure.
Tu décrivais l'ovale autant opacifiée
qu'on aurait pu s'y voir et sans la moindre armure,
en se disant de soi qu'on est, oh pas si fier !
En se disant de soi qu'un vers est dans sa mue.

J'ai construit des reculs pour tes accouchements.
J'ai bâti des radeaux sertis d'oiseaux fidèles.
Mais au final, je sais que chaque couche ment,
et que ce cœur de femme est un cœur d'hirondelle.

C'était avant l'orage et l'air était très lourd.
De tout Victor Hugo, moi je n'avais rien lu,
mais le vent soulevé quoique je fus balourd,
savait de mes recoins tout ce qui m'éberlue ;
et puisqu'il faut causer d'agapes et d'amours,
des mauvais vers creusés par des passions élues,
j'aimerais mieux couvrir de pertes et d'humour
les trous d'air et l'éclair dont j'eus la plus-value.

samedi 8 août 2015

La beauté du Geste






J'aime l'éclat bleuté – du grillage aux tiges –
de l'électricité des auto-tamponneuses,
et les courbes rompues par la haute-voltige
et par l'habileté de ses mains moissonneuses.

Car d'un fouet fauchant l'air à donner le vertige,
ses mains rendent soudain l'eau douce et poissonneuse,
et de la fluidité dont je n'ai que vestiges,
une empreinte à ce Geste aux coulées savonneuses.

Ainsi va-t-il souvent de ces chorégraphies :
d'une souplesse atroce ou de raideurs digestes,
leur expression suffit et puis ça signifie !

On est loin des fadeurs d'un spectacle indigeste,
on est dans l'Harmonie que l'enfant magnifie,
dans ce que l'on transmet par la beauté du Geste.

vendredi 7 août 2015

Contre-courant




Qu'enterrerai-je en bon garçon de ma vie nulle ?
Sinon qu'en ayant tant fait preuve d'ignorance,
glisse entre le jambon et le beurre un peu rance
la déveine éclatant de toutes ses veinules.

Je n'ai plus aujourd'hui que l'arbre et la verdure
pour aller tous les jours plus près de l'essentiel,
garder ce qu'on déduit à tort des dons du ciel
mais qu'on reprend toujours lorsque les revers durent.

Or, je n'ai plus non plus que la beauté des eaux
qui, de mer en rivière ont à contre-courant
lavé ce qui déplût d'un « Je » désespérant.

Enfin, je ne suis fier dans cet étroit réseau
que constitue l'Amour sous ses aspects divers,
que des Enfants-Lumière où gît mon Univers.

mercredi 5 août 2015

Chanson nostalgique




Il y a dans le bleu du ciel
le regret des regards perdus,
et dans son souffle existentiel
le vent des Amours éperdues,
dans des nuages substantiels
le duvet des fruits défendus
de ces élu(e)s providentiel(les)
dont on a surtout dépendu.

Il y a dans les souvenirs
tant de couleurs imaginaires
que nul ne pourrait parvenir
à les rendre juste ordinaires ;
on peut peut-être en obtenir
l'extrait sur le pinceau des nerfs
en voyant un astre agonir
au soir de notre vie lunaire.

Il y a toutes nos enfances
et la blessure adolescente,
un peu du poids de nos offenses
et des légèretés blessantes,
au sein de ces cœurs sans défenses
à l'auréole opalescente,
au fur que la mémoire avance
et à mesure incandescente.

Je n'ai donc plus que mélodies
pour m'enflammer d'un air tragique,
tandis qu'un vieux mélo' me dit
de prendre un bon vieil antalgique ;
j'ai mal au crâne et ça mendie
sous les ponts d'un passé magique,
et pour toujours je psalmodie,
poète aux chansons nostalgiques.

dimanche 2 août 2015

Projections




Peut-on vraiment s'imaginer,
se projeter une existence
autre qu'en un lit machiné
sur des roulettes sous potences ?
J'ai dépendu de mes projets
comme on dépend de perfusions,
mais aujourd'hui ce Rien que j'ai
ne traîne plus ces illusions.

J'ai vu tomber comme à Grav'lotte
les couples des maisons « Usher »,
avec leurs château de cam'lote
d'une Espagne valant peu chère,
et de souffrances associées
pesant sur des moitiés livides,
on oublie tout des assauts sciés
par la bataille du lit vide.

On oublie le sexe et les rêves,
on oublie les baisers sucrés,
on oublie l'Amour et sa sève
en violant les serments sacrés,
on oublie parfois l'avenir
par obsession de son passé,
puisque les journées à venir
seront d'un présent trépassé.

Alors faut-il recomposer,
ainsi remettre le couvert ?
Ou faire un point et se poser
et voir moins rose, un peu plus vert ?
Chacun met midi à sa porte
en se forgeant sa vérité
– Celle-là le diable l'emporte,
je ne peux plus me projeter.