dimanche 29 novembre 2015

Enceinte




Quand j'ai croisé le fer, Dinan,
avec les chemins de traverse
auxquels tu vouas d'éminents
distillateurs nés de l'averse
éruptive où vont dandinant
les prosélytes de l'inverse,
j'ai marché tout en déminant
tous tes remparts qui me renversent.

J'ai grimpé sur tes rues, Salope !
Et fauconnier des mots de passe
et des ruelles interlopes,
ai mu concert de mes rapaces
à l'œil arraché du cyclope,
ému, perdant ma carapace,
aimant les cendres de mes clopes
et les numéros des impasses.

Toi belle fille, ô toi Dinan,
ceinturée de chasteté rance,
j'irai toujours de toi dînant
vomir de ma désespérance
issue de ces mœurs badinant
avec leur propre incohérence,
hauts fonds des yeux incontinents
qui de pleurer m'ont fait la Rance.

Et dans le cercle enfin magique
où Dinan me tient déjà lié,
j'aimerais être ce moujik
dont Tolstoï dit qu'il est allié
des forces des lieux telluriques
où camisole aux fous à lier
m'est l'instrument périphérique :
aux vacuités il faut pallier !

mardi 24 novembre 2015

Foudres



L'homme est angle et la femme est courbe,
et de la sangle autour du cou,
extraits des gangues de la tourbe,
ils sont d'un gang bang assez fou
                        bien assez fourbe
assez lutin pour pas un sou,
assez mutin pour qu'on m'embourbe
                  en tes yeux doux.

Ô Muse, ô femme simplissime,
éclat dépourvu d'apparats,
diamant détaillant les décimes
issus de mes restes de rat,
                      j'aime les cimes
à tes épaules en tes bras,
qui des derniers remparts déciment
                 mon embarras.

Je décris sur ta clavicule
une rondeur imaginée,
ce joli cercle qui m'accule
à penser que ma belle est née
                           même cadette,
et que ton enchantement inné
n'est que fruit de mes tristes dettes
                           à me damner.

J'ai tenu la beauté du Diable
à portée de fusible ému,
infiniment belle et désirable,
hors de portée de ma mue,
                   statue de sable,
cherchant à porter sur sa main
le testament incontestable
                         à tout humain.

dimanche 22 novembre 2015

Le Scrabble




Jouer avec les mots comme enfilant des mailles
à l'envers, à l'endroit, le long de chaque case
où l'on se perd au fil issu de nos marmailles,
à notre transmission, ce marché de l'occase...

Jongler avec la lettre afin d'en être au pied,
survivre aussi quand sonne en ceux qui voient Yaël,
le K désespéré de ceux qui sont épiés,
le W de son sourire en arc-en-ciel.

Et mourir lentement de la sève éclairée
par la littérature incidemment vomie
de nos textes menus sur un plateau géré
par une règle inepte à tout bon insoumis.

Oui, croiser ma passante au creux d'un triple compte,
où je peux de mon double exiger vie d'ascète,
où d'un simple exercice à ce que je raconte
en mes lettres d'amour – je n'ai le droit qu'à sept !

Or, corvéables à merci, mes beaux enfants
se sont soumis au tripalium de l'exécrable
instrument qui foudroie les biches et les faons,
les éléphants et la mémoire, ah, c'est le Scrabble !

lundi 16 novembre 2015

Pariphérique



Vendredi 13
s'en vient saigner incontinent
sur nos détresses
comme un tampon des continents
qui font des guerres à distance
et saupoudrées de l'inconstance
où notre humaine condition
s'en va droit vers la perdition.
J'ai détrôné des dents couronnes
menteur comme un arracheur
mais l'assassin de Courcouronnes
lui s'est calé sur la lâche heure.
Et les idiots
surfant sur la piste de ski
de la Radio
ne sont pas des Dostoïevski.

Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !

Et de la liberté laïque
où l'Homme fume au narguilé
le Dieu qu'il prie, l'odieux qu'il nique,
et les faux prophètes exilés,
je ferai des tranches de lard,
puisque nous aimons tant lard pour l'art !
Je t'embraserai sur la bouche
avec mon beau chardon ardent,
car je ne suis pas Ammenouche
et Courcouronnes dans ma pauvre brosse Adam !
Aime-moi, toi,
Ève angélique aimée des monts,
Seins, miche et moi,
pose, nous aimons...

Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !

La Seine est une aorte ouverte
aux trous de balle;
et que soit pas mûre ou pas verte
une caballe,
y stick(ent) ici jusqu'à la perte
les héros de la Capitale,
les chevaliers de la Commune
sans que jamais ne Capitule
la beauté d'Anne, ô ma sœur Anne.

Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !
Si notre cri de colère, ah !
Parsème la peste à Ferré,
c'est que d'arobase un bel @
je ferai de mon pire, hé !

Paris a son cœur !
Paris a son sang !
Paris a son âme !
Paris a son histoire et ses déchirures mais
Paris ne s'agenouillera jamais
devant des tortionnaires
pas plus que devant les versaillais
Paris solidifie ses nerfs
afin que vous en ayez
Paris qui s'écœure
à ces gestes indécents
sait bien porter ses blâmes
sait bien porter ses drames
sait bien porter ses âmes

samedi 14 novembre 2015

La Nuit




C'est la peur de la Nuit qui toujours terrorise
un enfant resté là, dans le cœur d'un adulte,
tandis qu'ailleurs, œuvrant aux chaos du tumulte
un grand froid vespéral à l'Horreur s'autorise.

Cet hiver qui s'approche aux jours qui raccourcissent,
nous rappelle à la mort comme une cave obscure,
et cet obscurantisme est une sinécure
à des soldats du mal dont les rangs s'épaississent.

Les enfants ne sont plus dans ces muscles sanguins
actionnant des corps sourds à leur propre souffrance
et semant le cristal qui égorgea la France.

Mais jamais rien ne dure et la Nuit t'es sans gain,
Bête Immonde aux martyrs qui te feront chuter,
car le propre des peurs est toujours de lutter.

vendredi 13 novembre 2015

La ballade du Big Lebowski



J'en ai bavé pendant des lustres
à barboter près des trottoirs,
à m'emmerder avec des rustres
qui vivaient pas la même histoire.
J'en ai bavé tu sais sans toi,
sans ton regard imaginé,
un peu nomade et puis sans toit,
sans me poser quelques années.

Puisque je vis au ciel des lunes
et mon espoir vers les étoiles
que la bruyère et la callune
posées sur une immense toile
posées sur une immense dune
sont sur ton corps immense voile
attendant cette heure opportune
où le clodo mettra les voiles

J'en ai sucé des pissenlits
sans jamais goûter leur racine,
mais la corneille au saut du lit
de mousse, est venue l'assassine
ôter le goût des vers de terre
à votre poète aérien,
tu sais, lui qu'on dit délétère,
aux fachos c'est un bon à rien.

Puisque je vis au ciel des lunes
et mon espoir vers les étoiles
que la bruyère et la callune
posées sur une immense toile
posées sur une immense dune
sont sur ton corps immense voile
attendant cette heure opportune
où le clodo mettra les voiles

J'en ai croisé des affreux tafs,
des intellos endimanchés,
des cons et des gentils matafs
et des menteurs, dents arrachées...
J'ai décroisé des djihadistes
qui se prenaient pour des élus,
et débouté l'élu des listes
où ta beauté m'était mieux lue.


Puisque je vis au ciel des lunes
et mon espoir vers les étoiles
que la bruyère et la callune
posées sur une immense toile
posées sur une immense dune
sont sur ton corps immense voile
attendant cette heure opportune
où le clodo mettra les voiles

jeudi 12 novembre 2015

Hanté



Si vole au vent la vile envie dont l'on dévisse,
un parfum fou de l'infraction là diffractée
dans des millions – l'imaginaire est d'affre(s) acté –
de tes reflets dans l'onde où se mirait Narcisse,

alors, poupée gonflée par l'air de mes sévices,
on trouvera l'autre miroir pour s'épouser,
celui sans le fantôme avec lequel poser,
sinon Villon, Rimbaud, Verlaine, eux rois du vice.

On trouvera – je sais – l'image renversée
que nous renvoie le Cinéma dans ses prémisses,
dans cette chambre noire aux champs controversés.

Et le Génie pelliculaire emportera l'esquisse
au bord des lèvres du tableau d'abord bercé
par l'étendue des mers portées par ton French Kiss.

mercredi 11 novembre 2015

Emprise




À Alexandra

En prise avec mon temps, j'étais qui s'ignorait,
lutin de mes lubies surannées, désuètes,
en pris(e) de rôle obscène, en chanteur qu'on aurait
fait maître en un instant de ses langue et luette.

En pris(e) directe avec l'absurdité des vies,
de notre société, crue sur le bon chemin
dont – pris(e) de tête – on sait bien qu'il dévie,
j'appose avec mes mots d'improbables demains.

En prise en charge, excluons les remords
à ce qui nous permet de comprendre une femme,
en pris(e) d'otage ou de judo, tout ce qui mord :

l'intelligence et la beauté qui nous affament,
Emprise en moi vitesse est l'accélération
de l'écriture et d'une Dame interaction.

mardi 10 novembre 2015

Saline



J'ai du sel de ta lèvre un goût de commissure,
et des marées d'ici toute la mescaline :
cette force indomptable et qui se répand sur
la route submersible à côté Des Salines.

Mon doigt cueillait ta larme ainsi qu'un fruit descend,
et ta décence ôtait la main d'Hermès, câline,
à l'ombre du visage offert et déhiscent
où je traçais pourtant la beauté de sa ligne.

TRÈS PORTRAIT
TRAITS POUR TRAITS

J'ai goûté ton essence, et de cet arbre rare,
en puisant dans l'histoire où j'ai vu Messaline
extrayant de ses sels ce qui fait le curare,
je me pris au poison de ta beauté maligne.

Je peignis des tableaux à en perdre l'esprit :
de ces œuvres au noir dans des eaux alcalines
où l'on se dissout pour dix sous, mais que l'on prie
d'être cette potion si sucrée mais saline.

lundi 9 novembre 2015

Maritime





Tu t'es rêvée debout, de retour sur les mers,
sur ton port d'échouage où sont les mésestimes,
ton regard se posait sur de tristes amers
qui pourtant relevaient tes scories maritimes.

Et tu t'es reconstruite en morceaux de musique,
un peu comme un biscuit à la cuillère estime
en vain de ses fragments, la part métaphysique
issue de cet émiettement tout maritime.

Mais que m'importe peu qu'un pauvre mari t'aime !
Tes mots d'amour sont plus purs qu'un affreux verbatim,
ils sont en ton calice un heureux anathème,
et dans ta bouche ouverte, un accent maritime.

Alors, sortie des eaux, ma pénible péniche,
ma Beauté dont je suis l'idéale victime,
je te sacrifierai sur les laides corniches
dont l'amour absolu nous fait la mare ultime.

Puis je t'habillerai d'un drapeau Gwen-ha-du,
pour passer mes mains sur tes courbes intimes,
comme les voiles et gréement des trois mâts du
Marité, si tant est que tu m'es maritime.

J'habiterai ton corps – court de sève en coursives –
et plomberai la ligne infime, adamantine,
où je me pends à toi de façon discursive,
à l'infinie beauté de ton air maritime.

dimanche 1 novembre 2015

Mais aux peaux d'ami(e)s




Promenade au petit matin d'été indien,
au bord de mer, au changement de méridien,
et promenade au petit soir d'automne en r'tard,
sous son couchant lorsque l'étoile a régné d'Art.

Lorsque la toile – araignée-ville – a tissé d'or
les filaments des bateaux-ivres au mouillage,
et l'effilée beauté dans ce château qui dort,
puisque le bois dormant n'a jamais compté l'âge.

Les photos forent dans le bleu ton ciel d'azur,
et l'habitude est à l'oubli tant de marées
que de peaux dont la plage est la belle embrasure.

J'y vois au grain, le sable à présent démarré
de l'isthme pur du rêve où nous ne sommes rien,
et les fleuves remplis des mythes sumériens.

Bruno Sulak (Texte totalement réécrit à partir d'un original soumis en février 1986 à Renaud Séchan)






La vieille dans son vieux taudis,
si vieille et sans maternité,
aussitôt fait, aussitôt dit,
est poussée vers l'éternité.

Tant étouffées qu'ou bien flinguées,
parfois les mémés disparaissent,
et les minots qu'aux déglingués
tout laisse aux flots de ma tristesse.

J'ai des mémoires d'outre-tombe
attachés à de sombres tomes,
et des histoires et des bombes
me restant en tant qu'hématomes.

De voir des odieux incapables
s'en prendre au faible impunément,
me rend amer, ils sont coupables
lorsque je sais ton châtiment.


Eh, Bruno !
T'en vas pas,
reste là
dans mes mots.
Eh, Bruno,
Sulak de l'âme artiste,
ton écho
dans ma cellule autiste,
témoigne un peu pour moi
que ce n'est pas en tuant
pas plus qu'en s'évertuant
à provoquer l'émoi,
qu'on force la légende ;
témoigne un peu pour nous
– et que le ciel t'entende –
d'un monde offert aux fous.


Avec leurs joujoux dangereux,
ils entretiennent une guerre
d'un ridicule présomptueux,
Inacceptable et meurtrière.

Du laid dealer le plus minable
aux mafiosi qui t'étaient tiers,
pour moi tu restais admirable
quoique ce fut ton cimetière.

Le cœur de la Cour des Miracles
pas plus qu'à moi n'était le tien,
mais au moulin de la débâcle,
t'as voulu jouer les arlésiens.

Et dans la lettre d'un malaise
où j'attends quelque part ta voix,
je suis la voie de la falaise,
ultime mur d'où tu sautas

Eh, Bruno !
T'en vas pas,
reste là
dans mes mots.
Eh, Bruno,
Sulak de l'âme artiste,
ton écho
dans ma cellule autiste,
témoigne un peu pour moi
que ce n'est pas en tuant
pas plus qu'en s'évertuant
à provoquer l'émoi,
qu'on force la légende ;
témoigne un peu pour nous
– et que le ciel t'entende –
que notre corde au cou se noue...

Sans toi.