lundi 22 février 2016

La Pieuvre




Enflée de sa spartiate élite
(qui se mêle au cul l'air)
qui l'a mise sur orbite
aveuglément s'étend l'emprise inique et pernicieuse
à vau l'eau de la Pieuvre financière
aux racines de ces plaies d'heures
et de ses traders
autant t'accule un système aux fondations vicieuses
édifié sur un péché
KAPITAL
celui de l'Usure et du Profit
dont tout le Monde ne profite pas
celui du mensonge et de l'exploitation
celui des marchands du Temple moderne
– où la Bourse ou l'avis ne changent
à hauteur que de quelques taux de change –
celui qui dresse le prochain contre son prochain
grand Rouage de la Guerre
OUI (depuis « Jadis et naguère »)
celui qui fait des religions l'outil abstrus de la pensée
dont plus personne ne se soucie plus que de l'hydre de Lerne
et dont la barbarie se nourrit avec délectation
scindant l'engeance en camps distincts
que leur fatalisme fit
tant oublieux des premiers pas
de l'Homme sur son satellite
et dont les armées militent
tuent
fabriquent les clandestins
qui s'évertuent
sur les frontières de l'argent que l'on ne peut pas toujours franchir
comme on ne peut toujours pas s'affranchir
du KAPITAL
et des sirènes de Wall Street
hurlant sur des lieues à la ronde
comme les foudres des STUKA
de leur plainte horrible et lancinante et souscrite
à toutes ces obligations
à ces jeux de fonds de pension
qui sont des pierres à la fronde
avec laquelle on crève l'œil des borgnes qui s'en font cas
comme des bulles de chewing-gum
gonflées jusqu'à l'éclatement
du système inepte appelé de « réserve fractionnelle »
auquel les banques centrales
ôtent tout crédit
puisque l'argent créé d'un coup de gomme
est l'effet du remboursement de toute dette
et que de ce non-dit
de ce péché originel
on a bâti des cathédrales
et des châteaux de cartes
et d'insondables casse-tête
où les vertus de l'hermétisme
ouvertement racolent
un max' des vices du capitalisme
écrit sur la blancheur des cols
de ces banquiers triomphalistes
osant poser au bout de chacune de leurs listes
une estimation de la valeur du travail de l'Homme
en devises
en mauvais proverbes
(il n'est rien avant le Verbe
et rien avant que l'on ne vise
à l'atteinte d'un summum
pourtant bien plus projet de vie
que simple ligne d'un devis).
Le capitalisme est né d'un commerce de dupes
où les valeurs sont fiduciaires
et les acteurs indignes de confiance
auxquels on a cédé la gestion de notre Monde
un concentré de narcissisme égocentrique
au sein d'un système où le fric héliocentrique
attire avec gravité les instincts le plus immondes
et tous les cygnes de méfiance
– ô vilains petits canards boiteux des ouailles financières –
avec lesquels on plumera les peuples nus
uniquement vêtus de leurs voix ingénues
des oripeaux sociaux dont aucun ne s'occupe...
Je voudrais tracer cette voie
avec le trait cursif des lignes
et le rasoir au fil des paumes
ô belle vie redessinée
de par des maladies malignes
évitées dans le Maelström
où toute économie dévoie
le sens intime du devoir
et sa capacité de voir
où mènent ses abominables constructions
cette Babel aux fissures ataviques
où toute ouvrage amène à sa démolition
dans une étrange récurrence maléfique
inepte
hors de contrôle
soumise à des adeptes
assujettie aux long cours du pétrole
et des sangs d'une Terre à ressource épuisable
essoufflée par les dents de ces vampires
et par leurs odieuses machoires
où soufflent des vents pires
à l'Art de choir
au creux du sablier qui fit de nous son sable.
Aussi, cessons ainsi d'être aussitôt si sots !
D'être encamisolés par ces illusionnistes
et pantins mus par ces prestidigitateurs
maniant l'Usure à l'usure
et les Arts d'un laser dont l'azur hédoniste
accorde un air dévastateur
à ces tristes désirs de notre démesure
où des orgueilleux se maquillent
se jonquaillent
allongeant la liste
et les biens endettés dont on est débiteur
et tous les faits divers dont on est la racaille
et les putes mondaines qui s'offrent aux plus offrant
et le taux de l'Euro
du Dollar
et la disparition du Franc
qui n'a plus de Hérault
que dans l'Art
et dans l'inflexible volonté de convertir
toutes ces devises à d'autres religions
qui n'ont sans cesse d'investir
sur des pseudo-marchés dont on nourrit légions
fondant lingot par lingot
le mur doré d'un sordide ostracisme
abruti par la quête obsédée d'un magot
que ce système enfin porte à son paroxysme !
Et si la grande Angoisse emplie des dents de Laws
celle de la Banqueroute
et de retraits instantanés
de l'exigence des valeurs
et coûte que coûte
(un nœud m'est à l'écoute
un nœud gordien
le nœud d'un indien
qui joue les voleurs
sur les succédanés
des véritables biens de l'univers réel
et des baisers volés
par des impairs Noëls).
De la vidange des réserves
(elles n'auront rien recouvert)
je veux savoir de quels volets
– ni trou béant, ni pot-aux-roses –
on sera l'esclave et quoi qu'on observe
(ô barque vomitive qui se met au vert)
enchaînant notre peuple à coups de découverts
et l'aliénant aux pieds que brisent mes vers
en chaque succursale
où se blanchirait l'argent sale
en un songe hypnotique
en un délire un brin psychédélique
en un oubli de qui nous sommes
et de l'obscénité de tant de sommes
acquises sur la misère inexprimable
affectant la plupart des plus petits hommes
et sur la traîtrise ineffable
à laquelle une bourgeoisie si bien pensante
accorde un blanc-seing d'une teneur indécente
afin de s'y construire un petit nid merdeux
fait d'une maison neuve
et de biens périssables
et de châteaux de sable
et de manques de preuves
et de sombres subprimes
de virus et de miasmes
qui pourriront leurs existences
et me feront poser ces stances
afin que mes ancêtres
aient de mon geste de révolte
un peu de ce qui fut leur être
et beaucoup plus de mes enfants
qui par-delà les perpétuent
comme ce blé que l'on récolte
en luttant contre ce qui tue.

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