lundi 21 mars 2016

Défendu




De longs figements de baisers basaltiques
ont creusé dans l'airain de nos corps statufiés
des tourments facétieux et des maux cathartiques
auxquels l'eau de tes yeux porte un flot pacifié.

Je ne sais si l'allant dans cet immobilisme
a cédé son ressort à des mares stagnantes,
ou si l'évocation de notre nombrilisme
aura su la remuer comme une onde feignante ;

mais j'entends clapotant, les pieds des poésies
qui soudent les serments devinés par l'Oracle,
et dont certains voyants dans leur grande Hérésie
se seraient revêtus comme d'un grand miracle.

Les mots ne sont jamais de nos réalités :
ils sont les ouvriers serviables du fantasme
et recouvrent d'un drap de syntaxe allitée
la crise d'égotisme ainsi faite enfant d'asthme.

Et pourtant j'abandonne à l'idée d'effraction
la clé de ton puzzle en kaléidoscope
où ta rousseur détache en d'infimes fractions
ta beauté que s'arrachent deux, trois périscopes.

Je t'ai décapitée, mon en-tête amoureuse,
avec un Sans-souci fleurant la terreur
et la quête abrutie d'une bourgeoise heureuse
alors que j'accumule en ton sein tant d'erreurs.

J'ai refait tant de fois ton portrait mon ultime
et rempaillé la chaise où ton cul se posa,
que je ne puis dès lors me poser qu'en victime
en mots, art suicidaire, et que là crime osa !

Mais quarante-sept ans sont bien trente de plus
que l'âge du rêve à ce point abimé
que d'amours innocentes je ne rêve plus
sans flétrir à l'instant de relations mimées.

Le rasoir de la vie m'avait gravé la ligne
en ma main d'éconduit, le chemin défendu
qu'on visite pourtant, la vibration maligne
où les sexes se trouvent à deux des fendus.

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