mardi 19 avril 2016

Larmor-plage (re-publication d'un texte du printemps 2007)




On peut se croire à Saint-Brévin
Lorsque l'on traîne à Larmor-plage,
Ce n'était plus petit matin
Mais un réveil en décalage.
J'avais strangulé ma Bretagne
D'un cordon Nord-Sud de voiture :
D'un Saint-Brieuc foin de cocagne
Jusqu'en Lorient, rien n'est moins sûr...
C'est « An orient », si mal nommée,
Que je n'ai pas goûté l'opium
De paradis désespérés,
Qui, j'étais bête en étant homme,
A Larmor-plage et ses rochers,
Quand l'amour nage en factotum,
Mais qu'on le pêche à l'épuisée,
Lui que l'on prêche en symposium...
Le ciel de la couleur des yeux
Et des paroles sans nuages,
Quand tout se mêle à ces flots bleus
Qui sont bien moins que bavardages,
Tout n'est alors que vastitudes,
Elastique à nos temps perdus,
Nos manques de béatitudes,
Ce qui survit quand il a plu...
Mais à Larmor, au gré du Sud,
Sont des cafés bien tapageurs,
Bordant la plage et ses quiétudes,
Sentant bon la retape à joueurs.
Les demis s'y consomment sourds,
Sous l'éclaircie des premiers Mai,
Quand on sait qu'à revoir le jour,
Tour à tour, sommes appelés.
Et nos démarches boitilleuses
Font tant et tant des avancées,
Qu'à toute côte pointilleuse,
Il faut édifier des jetées...
Des jetées à l'eau pour chacun,
Sans ces « je t'aime » pathétiques
Qui croyant nous rendre malins,
Nous ont rendus paralytiques.
Des jetées qui pour s'épauler
Prendront l'amarre à la marée,
Et sans ces doigts griffus, greffés,
Tendront la main à la mariée.
Les petits ports sont ambitieux,
Ouverts qu'ils sont vers le grand large,
Comme brillent tous les beaux yeux
Sous le soleil de Larmor-plage.

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