mercredi 19 octobre 2016

Les fruits du testament




J'ai mal dormi chez Maldoror
en lisant tout du Dix-neuvième,
imaginant des tas d'aurores
infusées dans des matins blêmes.

J'ai mal rêvé chez De Nerval,
licorne à la cravate au cou
si serrée que de mes nerfs valent
un nœud coulant que l'on secoue.

Dans les fameux châteaux brillants
sont des légendes éphémères,
et des bandits violant, pillant
les jeunes filles et leurs mères.

Dans le mot « spleen » de Baudelaire,
il y a l'épaisseur d'un livre
ouvert aux microbes de l'air
qui de leurs vains maux nous enivrent.

Le « cellulaire » de Verlaine
est une porte verrouillée :
depuis le crâne jusqu'à l'aine,
un sexe est un cerveau rouillé.

Quant aux « étés » d'Arthur Rimbaud,
j'en ai connu qu'au purgatoire
on ne sut plus qu'en faire un beau
cataplasme à tout exutoire.

J'ai saigné de veines de suies
que m'imposait l'autre Zola,
Tandis que me lavaient les pluies
d'éclatement de leurs zonas.

Nageant dans ces étangs de pus
— tant d'encriers aux miséreux —
j'écrivis donc tant que je pus,
si tant crier m'ait mis heureux.

J'ai reniflé l'odeur fétide
où l'auteur puise sa semence,
et sous les bras des cariatides
un brin de puanteur immense.

Ils se sont pris pour Montcorbier
mais n'ont pas su que nous voulons
le droit du verbe et son bourbier
quand on vient de François Villon.

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