samedi 28 janvier 2017
L'improbable
Il paraît que je suis poète
et que je ponds des euphémismes
à propos d'amours désuètes,
à coups de vers et d'aphorismes...
Il paraît que d'être emplumé
comme un mohican prosodique,
est d'auteur à gage assumé
la voie d'un meurtre épisodique.
L'acte d'écrire est criminel :
on y tue le temps qui s'enfuit
— mon désir est ma sentinelle,
et ton regard en est le fruit —
Je m'y tue du rêve en loser
— et ton regard est un calvaire
à moitié plein mais sans doseur —
et m'y vit le reste à l'envers.
Un regard peut être indécent,
surtout lorsqu'il est hypnotique :
en faisant un fruit déhiscent
d'un cœur cabossé chaotique.
Il était ainsi ton regard :
il pleuvait de verdure en moi
tout en me traitant de ringard
ou d'herbe à chasser les émois.
Je comptais sur tes éphélides
Un brin de mes éphémérides,
Un coup d'épaules aux Invalides,
Mais laissant sans effet mes rides.
J'escomptais ta bouche gourmande,
afin de manger mes paroles,
et du futur que je demande
un trait passé Rivarol...
Un attrait passé d'avenir
auquel il m'est pourtant possible
en me forçant de venir,
épousant ton regard indicible,
Embrassant le temps circulaire
où notre rencontre improbable
est devenue le corollaire
aux fleurs d'un regard impalpable.
lundi 16 janvier 2017
Ara qui rit
Comme un oiseau de pluie, je me suis
confondu
— camouflage d'excuse au moindre
camouflet —
avec l'eau qui s'enfuit des glaçons
qu'ont fondu
de ton cœur de mouflette à mon cul
qu'a morflé.
Comme un drôle d'oiseau qu'on se plaît
à plumer,
je m'suis tordu le cou sur ton image
abstraite ;
un regard ampoulé m'indiquant que plus
mes
désirs étaient piteux, plus ma foi
serait traite.
Alors je m'suis caché sous cet épais
duvet
dans lequel on épuise un restant de
ses rêves
à deviner ce que Papaguena revêt.
Et comme un perroquet, de ces mots dont
il crève
en répétant la pièce ou l'aumône au
brevet
de son propre examen, d'un plumier j'admire Ève.
vendredi 13 janvier 2017
Croissez corbeaux !
Me regardant dans mon miroir,
Je me demande quel mouroir
Aurait pris note des mémoires
au ticket d'caisse en vieux grimoire.
Me regardant dans cette glace,
Eh bien soudain le sang me glace :
Oh ! Dites moi quelle est ma place !
Oh ! De tous ceux que je remplace ?
Elle est perdue cette amoureuse,
Oh ! L'éperdue pourtant poreuse,
Elle épongea l'humeur cireuse
Où se patine une âme heureuse.
Elle est aigrie du vert-de-gris
Dont les treillis font des abris,
Sur les démarcations des cris,
Sur la suture où tout s'écrit.
Que le temps crève comme un pneu
Que mon âme en rêve encore un peu
Encore un peu, encore un peu
Les bides des hommes se dégonflent
Au gré du gras de leurs baudruches
Et que t'importe s'ils nous gonflent
La meuf est reine dans sa ruche,
La meuf est reine dans sa ruche !
On dit que la nana varie
Et que l'ananas qui s'avarie
Tout comme la loi Savary
Ce n'est en fait qu'une avarie !
Mais moi je pèse mon présent
Dans les maillons anglicisant
Des libertés qu'en incisant
J'accouche au jour laïcisant.
J'en vomis les femmes soumises
Et les versets qui sodomisent
La dignité qui m'est promise
Et le blanc-seing qui m'est de mise.
J'en extrapole un froid brûlant,
Un front pas national hurlant
La fièvre en son poing purulent,
Chouette en matins purs hululant !
Que le temps crève comme un pneu
Que mon âme en rêve encore un peu
Encore un peu, encore un peu
Les bides des hommes se dégonflent
Au gré du gras de leurs baudruches
Et que t'importe s'ils nous gonflent
La meuf est reine dans sa ruche,
La meuf est reine dans sa ruche !
Alors, croissez jolis corbeaux !
Je vous nourris de mon corps beau
Comme un poème de Rimbaud
Vous gaverait des accords bots.
Je vous nourris de mon sang frais
Comme un vampire en chouette effraie
Ceux qui poussant des cris d'orfraie,
Vivent en fait à peu de frais.
Alors croissez jolies corneilles !
Ayez de moi ce golden eye
Auquel un seul éclat s'égaye
et sa sagaie sur Marvin Gaye !
Sexuelle est la blessure humaine,
Et qui la porte en son hymen ?
Mère, épouse ou sœur, Amen !
Où sont passés les supermen ?
Que le temps crève comme un pneu
Que mon âme en rêve encore un peu
Encore un peu, encore un peu
Les bides des hommes se dégonflent
Au gré du gras de leurs baudruches
Et que t'importe s'ils nous gonflent
La meuf est reine dans sa ruche,
La meuf est reine dans sa ruche !
samedi 7 janvier 2017
Yetzirah
J'errais à l'équateur où ton ventre
arrondi
me promettait les fruits qu'un ascète
exotique
en Prométhée cueillait sur un arbre,
or on dit
que le feu se dérobe en mini-jupe
antique.
Arpentant tel un maître au repentir
heureux,
les courbes de ton corps et leur
loxodromie ;
j'étais dans l'entonnoir où l'on
tombe amoureux,
dans le baiser sacré que tu m'avais
promis.
Vertèbre après vertèbre, en jouant
de leur flûte,
il me fallut ce doigt posé sur ta
note,
afin d'ôter deux trois soupirs nés de
nos luttes
et des doux grincements de nos jolies
quenottes.
Il me fallut ce Sephiroth ultime où
Toi,
puisant sans fin la sève de l'arbre de
vie
— palindrome admirable où l'âme se
nettoie —
tu sois l'image unique aux sources de
l'envie.
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