lundi 27 mars 2017

Le poète et la fleuriste (réécriture d'un texte de 2005)


Y'a un p'tit poète (y pèse pas bien lourd)
Dont le pauvre texte a rempli d'amour
Un furieux prétexte à passer les tours.
Y'a une p'tite fleuriste et belle com'le jour,
Avec un cœur triste à pleurer toujours ;
Elle est artiste et blessée dans sa tour.
Un jour le p'tit poète a rencontré la p'tite fleuriste,
Ils se sont souri, se sont pris la main puis se sont dit :
"Toi, le p'tit poète, remet dans mon cœur, un air fantaisiste !"
"Toi la p'tite fleuriste, remet donc des fleurs, dans ma poésie !"
Y'a un p'tit poète : il sait qu'elle existe,
Elle est bientôt prête et jolie fleuriste
(Or, c'est jour de fête alors qu'il insiste).

dimanche 26 mars 2017

Le goût de la Vie






Le goût de la Vie, celui de la Mort,
un trait qui dévie sur un méridien,
l'amour est en vrai ce baiser qui mord
aux dents mais qu'effraie ma plume d'indien,
d'apache iroquois criblé de remords.

Or, nourri du Quoi de mes mots fléchés,
l'argent de la paix qu'allumait ma flemme,
ainsi se repaît comme un veuf léché
par un feu d'enfer — à moins qu'un veuf l'aime —
et par les revers de tous ces déchets.

Camille ! Un acide est rentré dans l'Art,
et rien n'est lucide, et rien n'est extra ;
Paris ceinturant Créteil et Balard,
oublia nos rangs, nos voix, nos contrats
dans un bain de boue mêlé de mollards...

Un chaos debout masqué de lavis,
s'emmêla la nuit dans la politique,
et l'Art est inouï dans l'eau de l'avis,
lorsqu'un matamore est plein de l'éthique
ou le goût de mort est bien de la Vie.

mercredi 15 mars 2017

Tout est Vin



Tout est Vin dans le fond, depuis le sang du Christ,
une humeur est mauvaise où l'on en fait la lie ;
c'est aussi pour cela qu'on chope le Vin triste
et qu'un demi sans col est un juste hallali.

Tout est fluide emprunt des versets de Xavier Grall
et s'écoule indolent dans ceux qu'il éberlue ;
tout écrivain se vante au jour du dernier râle,
aussi de ses saints marcs que l'eau-de-vie dilue.

L'absinthe immaculée conçoit que d'autres voies
génitrices sont crues par d'odieux hérétiques ;
or, le Vin de message amène à vive voix
le besoin de s'accroire en des dieux hermétiques.

Tout est Vin de surface et de supermarchés :
tous les vers qu'il charrie sont des poésies mortes ;
il m'en fallut beaucoup (toutes corde à l'archet)
pour enfin repousser le battant de sa porte.

mardi 14 mars 2017

La poésie s'est gourée de route et la chanson l'a déposée

comme une auto-stoppeuse en mal d'hygiène.

jeudi 9 mars 2017

Sans phare




Écrire à cette femme aimée
comme on se réveille en sueur,
et de ses premières lueurs
absorber l'onde sublimée.

Être à ses côtés comme un vers,
épiçant l'épissure où l'âme
infiniment déroule lame
et marées, rochers découverts.

Il me faudra trouver les lettres,
afin de me décomposer
dans ce que je t'ai proposé
de mots croisés sur un mal-être.

Et pourtant nus sous ta lumière,
on sait mes mots jurant blafards,
on sait ta beauté sous ses fards
avoir ma laideur pour chaumière.

mercredi 1 mars 2017

Le Sacré-Cœur de pierres




À mes titis, Mathieu et Olivier,

Quand sur des morts on monte un monument de pierre,
afin de plus encore écraser leur mémoire,
on bâtit un caveau sur un amas de chairs
— un baptiste en vomit d'un pareil assommoir !

Un chrétien véridique en serait affligé
du Sacré-Cœur ouvert en Sacré-Cœur de pierres,
du cercueil profané d'un massacre infligé,
le sang du Christ est vain lorsqu'il n'est plus que bières...

Alors, on boit l'absinthe aux cafés du cerveau,
pour tenter d'oublier dans leur triste oubliette,
on regarde passer le bourgeois comme un veau
s'en allant pour voter en ramassant nos miettes...

On s'abstrait peu à peu de ce réel atroce,
où le pus du fascisme s'écoule à grands flots,
tandis qu'un archevêque à grands coups de sa crosse
assène un pieux sermon qu'on entend rue Soufflot.

Je préfère au Chardonneret le partisan,
dont le chant plus christique est aussi plus critique
et je laisse aux faux-culs leurs plumes de faisan,
la mienne est toute acquise aux visions extatiques.

Elle est l'alliée — la folle — insoumise et déçue
de ces parfaits rêveurs, oubliés et défaits,
dont on cause à l'occas', entre deux par-dessus,
sous la pluie dont l'oukase a lavé les préfets.

Ma religion n'est pas « nouvel ordre moral »,
et mes idées en conflit sont au su de Paris :
tantôt pétries de bien, tantôt pétries de mal,
et sous ses beaux pavés dont on fit des paris.

Des SAMU, PMU, qu'on applique à ces fins,
j'ai François-Jean Lefebvre de La Barre au ventre,
un goût de sang moisi par l'odeur des défunts
de la Vierge Rouge et qu'à la fin tous éventrent...

Alors, ô basilique du veau national,
en te peignant j'assure en ce geste si leste
une déconstruction d'un art subliminal
où la Jérusalem communarde est céleste.