samedi 28 octobre 2017

L'agonie poétique




Des pans de cathédrale ont chu sur le ciment
du temps contemporain ; sans accord ni personne,
il enjambe leur reste et passe en son segment,
tel un bout d'entrelacs, tel un serpent qui sonne.

Arrivé jusqu'au cœur de l'église du Verbe
intemporel, il s'efface au profit du rejet
de tout dogme et des fleurs du poète dont l'herbe
enfumée rejaillit par les joints outragés.

Sur l'autel on commet les derniers sacrifices
(au nom d'impair impropre ou d'épiée catastrophe)
au nom d'esprits malsains qu'endossait l'art du fils
en brisant le respect des rigueurs de la strophe.

On célèbre en pleurant les vestiges d'un culte
affaibli par le poids de ses prêtres maudits,
des friches sont données en pâture aux incultes
et rien n'est retenu de ces pauvres mots dits.

La Prose a corrompu la plupart des adeptes
enivrés par les flots des vapeurs de l'encens,
découlant d'une veine où le mètre est inepte,
ils sont dans l'esclavage assumé bien-pensant.

La Poésie n'est plus qu'une déesse morte,
et les rimes perdues par sa dérive lente
ont l'âcre arrière-goût d'une langue qu'emporte
un torrent s’abîmant dans des eaux turbulentes.

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